Une réforme qui se veut énorme, un big bang nécessaire pour affronter les cinquante prochaines années, et tourner définitivement les pages écrites depuis 1958 par la réforme Debré. Laquelle a satellisé l’excellence universitaire au travers des CHU, mais a aussi induit un hospitalocentrisme aujourd’hui hors sujet, coûteux et mal ciblé, plaçant la France en exception européenne. Face à un hôpital à feu et à sang et à un secteur ambulatoire dont le maillage se craquelle, l’exécutif a choisi. Il va bien retourner la table, oui, mais sans le levier d’une nouvelle énième loi de santé ou hospitalière, qui, jusqu’à présent, n’a fait que casser ce que le précédent texte venait tout juste de consolider, au désespoir de personnels soignants sommés, bons soldats, de continuer à produire. En plus, Emmanuel Macron met de l’argent sur la table, beaucoup d’argent : 3,4 milliards d’euros sur cinq ans, manne permettant d’impulser définitivement le tournant désigné et d’organiser le décloisonnement entre la ville, l’hôpital et le médico-social et entre les exercices professionnels. Le diagnostic des maux dont souffre notre système était partagé par le plus grand nombre. L’ordonnance proposée est d’une imparable logique théorique. Les professionnels voudront-ils se retrousser les manches pour accompagner cette révolution, lorsqu’elle viendra percuter le vieux système, avec tous les cahots afférents, presque sur une génération ? Le Président de la République fait le pari que la révolution de la santé se fera en marchant. Il faudra donc du souffle, de la constance et surtout, rapidement, des résultats. Oui, il s’agit d’un sacré pari.
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