"Trop rigide, trop déconnectée" : les internes vent debout contre la 4ème année de médecine générale

11/07/2023 Par SRP-IMG
Dans une lettre ouverte, les internes du syndicat représentatif parisien des internes de médecine générale dénoncent la nouvelle maquette pour le diplôme de médecine générale en quatre ans. Cette réforme "porte en elle les germes d'une nouvelle atteinte à la santé mentale des internes" écrit le syndicat. Il demade un report de la réforme.

  "Paris, le 06/07/2023 La nouvelle maquette envisagée pour le DES de médecine générale en 4 ans ne répond ni aux aspirations des internes, ni pleinement aux besoins de santé ! Lettre ouverte à  M. le Président de la République, Emmanuel MACRON, Mme la Première Ministre, Élisabeth BORNE, et M. le Ministre de la Santé et de la Prévention, François BRAUN.   La 4ème année de Diplôme d’Études Spécialisées de médecine générale se veut être une année de consolidation qui permettrait aux internes de se préparer au mieux à leur exercice futur. Elle devrait donc, en toute logique, être pensée pour répondre à leurs aspirations et à la diversité des modes d’exercices qu’offre la médecine générale. Or, le prisme de la maquette envisagée est mis, sans aucune mesure, sur l’exercice ambulatoire libéral. Cet exercice n’est pourtant pas la panacée et la médecine générale s’exerce également ailleurs : de nombreux internes plébiscitent le salariat, l’exercice hospitalier, les postes partagés,… Et ces modes d’exercice répondent tout autant à des besoins de santé cruciaux de la population.   Ainsi, bien que l’exercice libéral ait évidemment toute sa place, il est essentiel que la 4ème année permette à chaque interne de découvrir et d’approfondir d’autres modes de travail. Cela leur permettra de trouver celui qui leur convient et d’augmenter ainsi la probabilité qu’ils s’installent dans un exercice pérenne.   La santé mentale des internes en dépend. Cantonner l’interne à un seul mode d’exercice pouvant ne pas correspondre à ses appétences et ses projets, ce n’est pas l’accompagner au mieux dans son parcours professionnel. Ce n’est pas un moyen de lui permettre de se projeter. Ce n’est pas une façon d’enrichir sa formation. Au contraire, c’est lui imposer une rigidité à même de cultiver la démotivation et le ressentiment. À cet égard, nous nous étonnons de lire que le stage libre de la phase d’approfondissement, revendication de longue date des internes de médecine générale, soit en train de se transformer en un stage fléché vers seulement 4 spécialités. Cet arbitrage n’est pas du tout en adéquation avec la volonté des internes. Ces dernier.ère.s souhaitent précisément pouvoir profiter d’un stage réellement libre leur permettant de parfaire leur parcours professionnel dans un domaine qui les intéresse, et dont le champ n’est pas couvert par la maquette. Autre élément qui va à l’encontre de ce que souhaitent les internes : la règle générale selon laquelle la 4ème année s’effectuerait de principe dans un stage de 12 mois (6 mois reconduits quasi systématiquement), et non dans le cadre de deux stages de 6 mois. Dans notre enquête actuellement en cours sur la pédagogie dans le DES de médecine générale, sur un ensemble de 247 réponses, 82%   des internes indiquent sans nuance qu’ils souhaiteraient 2 stages distincts au cours de cette 4ème année et non un seul stage. Enfin, nous nous inquiétons fortement du plafond annoncé de 30 consultations par jour pour les internes en phase de consolidation. Sous couvert de plafond, vous fixez là un objectif puisque la rémunération y sera fortement liée. Or ce chiffre apparaît démesuré, déconnecté de la réalité et source d’épuisement inévitable pour des jeunes praticiens. On voit par ailleurs poindre d’ores et déjà les dérives d’un remplacement déguisé et sous payé, d’autant plus lorsqu’on lit que le Maître de Stage Universitaire toucherait 80% du montant des actes réalisés alors que seulement 20% serait rétrocédé à l’interne.   Nous mettons donc en garde les décideurs publics. Vous avez décidé d’introduire cette 4ème année contre la volonté des internes et des étudiants de 2nd cycle et avec un intérêt pédagogique limité. Vous êtes en train de dessiner les contours de cette 4ème année encore une fois contre la volonté des internes et des étudiants de 2nd cycle. Attention. Nous vous invitons à montrer plus de considération pour les jeunes médecins généralistes. En faisant d’eux des bouc émissaires corvéables à merci, en faisant preuve de mépris à leur égard, vous instaurez un climat délétère qui génère des signaux inquiétants d’abandon et de reconversion. Écoutez les internes, écoutez leur expertise, écoutez leurs attentes, écoutez leurs craintes légitimes. La médecine générale de demain ne doit pas se faire contre, mais avec les jeunes générations.   Les mesures que vous préconisez sont trop rigides, trop déconnectées de la pluralité des exercices qu’offre la médecine générale. Et elles portent en elles les germes d’une nouvelle atteinte à la santé mentale des internes, de nouvelles conditions susceptibles d’entraîner ressentiment et dégoût du métier. Nous, internes de médecine générale, sommes convaincus que notre spécialité est merveilleuse précisément par la pluralité de ce qu’elle offre comme types d’exercice, comme champs médicaux de pratique, comme opportunités de carrières. C’est là toute sa richesse. Alors n’enfermez pas les jeunes médecins dans un seul type de projet professionnel, avec des conditions de mise en œuvre précipitées et techniquement irréalistes. Ne faites pas avec cette quatrième année ce que vous avez fait pour la première année de médecine et la réforme du deuxième cycle. Prenez enfin conscience que dans les Départements de Médecine Générale, un vent de panique souffle sur l’incapacité à encadrer les thèses et à recruter suffisamment de Maîtres de Stages Universitaires sur une période de mise en œuvre si courte. À défaut d’abandon, nous demandons a minima un report de cette réforme précipitée, afin que ses conditions de mise en œuvre soient non seulement réalistes mais surtout réalisables.  Pour le Syndicat Représentatif Parisien des Internes de Médecine Générale Cédric CARDOSO – Président"  

 
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