"A 9 mois des épreuves", les modalités d'évaluation des EDN et des Ecos ne sont toujours pas fixées, s'alarme l'Anemf

03/02/2023 Par Marion Jort
Dans un courrier adressé aux ministres de la Santé et de l’Enseignement supérieur ainsi qu’à la Conférence nationale des Doyens, l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) alerte sur les modalités d'évaluation des EDN et sur le déroulement des Ecos qui restent en suspens, à neuf mois de la première édition.  

 

“Nous dénonçons une réforme qui peine à se finaliser et nous demandons à chacun de prendre ses responsabilités”, écrit l’Anemf au sujet de la réforme du deuxième cycle des études de médecine, dans une longue lettre adressée notamment aux ministres de la Santé et de l’Enseignement supérieur ainsi qu’au Doyen des doyens.  

Rappelant qu’il ne reste que neuf mois avant les premiers EDN et Ecos (qui remplacent les redoutées ECNi), l’Anemf appelle les ministères et les Doyens à “prendre [leurs] responsabilités”. Elle fait d’abord part de ses inquiétudes à propos de la composition des jurys des Ecos et plus particulièrement sur le nombre d’examinateurs provenant d’une faculté extérieure à celle de l’étudiant examiné. En effet, pour rappel, le Conseil d’Etat avait imposé il y a quelques mois que ces jurys soient composés à 50% d’examinateurs extérieurs, afin de “garantir l’équité nécessaire à une épreuve classante”. Mais, dans une interview accordée à Egora en janvier, le Doyen des doyens appelait à “assouplir” cette mesure. "Nous proposons de diminuer le nombre d’observateurs venant d’autres facultés. On ne voudrait pas que ce soit bloquant. Il faut qu’on arrive à une organisation juste et fiable. C’est lourd d'organiser un Ecos national, au même moment, dans toutes les facs, avec le même sujet, bloquant des milliers d’administratifs, de profs et d’observateurs. Ces personnes ne seront pas à l’hôpital", indiquait alors le Pr Didier Samuel. Il souhaiterait ainsi passer de 50% à 30%.  

“Cette suggestion inacceptable traduit pour nous un manque cruel d’anticipation de la part des facultés dont les étudiants ne doivent pas pâtir”, alerte l’Anemf. “De plus, l’exemple des stations des Ecos évalués par un seul examinateur étranger ne peut en aucun cas servir de modèle et d’excuse à ces adaptations de dernière minute.”  

Pour l’Anemf, il est donc “du devoir du ministère de proposer une solution pour le bon déroulement des épreuves”, à l’heure où il n’existe “aucun outil de répartition pour les 2000 examinateurs mobilisés nécessaires”. Si des assouplissements peuvent être envisagés comme le fait d’ouvrir les postes d’examinateurs aux chefs de cliniques assistants par exemple, “les Ecos nationaux devront être organisés en mai 2024 sans mesures transitoires, avec deux examinateurs par stations, dont l'un d’entre eux proviendra d’une faculté extérieure”, insiste l’association.  

Par ailleurs, l’Anemf fait part de ses inquiétudes quant au coefficient de pondération des questions évaluant les connaissances de rang B sur le classement final des futurs internes et la procédure de matching. “A deux mois des inscriptions aux EDN, l’impact du coefficient du rang B n’a toujours pas été fixé, voire même testé”, dénonce-t-elle, pointant également du doigt l'algorithme supposé départager les candidats, jamais testé non plus.  

Enfin, elle soulève les interrogations persistantes quant au sort des redoublants de la dernière promotion qui connaîtra les ECN.  

“Nous n’avons plus le temps d’attendre”, avertit l’Anemf. “Nous demandons la concrétisation des attentes des étudiants et des enseignants lors de la naissance de cette réforme. Hâtons dès aujourd’hui le rythme des analyses des pondérations, fixons des périodes de simulation.” “Les étudiants payent déjà le prix d’un hôpital à bout de souffle, il est grand temps de leur donner une formation à la hauteur des ambitions de 2017”, concluent-ils.  

 Une nouvelle réunion sur l’évolution de la R2C aura lieu le 6 février prochain.  

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