Après trois ans d’attente, de nombreux appels de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) et la pression des externes, les ministères de l’Enseignement supérieur et de la Santé ont enfin publié, le 28 décembre, l’arrêté fixant les modalités de la réforme du deuxième cycle des études de médecine.
Cadrant les grandes lignes de la réforme des ECN, cet arrêté en précise aussi son fonctionnement. Ce qu’il confirme d’abord, c’est que les examens dématérialisés nationaux (EDN), qui remplacent les ECN désormais, auront bien lieu au début de l’année, “dans la mesure du possible avant la fin de la dernière semaine du mois d'octobre, sur des supports numériques”. Les EDN compteront pour 60% dans la note déterminant le classement des étudiants avant le choix de spécialité. Cette dernière est par ailleurs complétée par les résultats aux examens cliniques objectifs et structurés (Ecos) à hauteur de 30% et d’une note évaluant le parcours des carabins (10%).
Pas de deuxième chance pour les Ecos
Conformément à ce qui avait été annoncé, un conseil scientifique en médecine sera chargé de réaliser les questions qui seront posées aux candidats dans le cadre des EDN. Le contenu de l’épreuve sera basé sur des questions isolées, des dossiers progressifs sur quatre plages horaires de trois heures chacune. “Chacune de ces plages horaires représente un total de 90 à 110 questions de différentes catégories et constitue une unité de composition”, précise l'arrêté. “Chaque unité de composition est indépendante l'une de l'autre de façon à faire l'objet d'une composition puis d'une correction autonome. Toutes les unités de composition ont la même valeur”, est-il encore indiqué. La quatrième plage, elle, est constituée d'une lecture critique comportant deux unités de composition d'une durée d'1h30 constituées pour chacune d'entre elles d'un article scientifique. La première unité de composition porte sur un article ayant une orientation clinique. La seconde unité de composition porte sur un article ayant une orientation physiopathologique. Il y aura enfin bien une évaluation en fonction des connaissances de rang A et de rang B.
Concernant les Ecos, les étudiants seront évalués sur 10 “stations” (situations) sur les 11 au programme. Il s’agit de mise en situation pratique sur 11 compétences attendues (procédure, éducation/prévention, stratégie diagnostique, communication interprofessionnelle, urgence, iconographie, examen clinique, stratégie pertinente de la prise en charge, entretien/anamnèse, annonce et synthèse de résultats d'examens paracliniques).
Ces évaluations seront réparties en deux circuits de 5 stations. L'arrêté précise que son déroulement ne pourra être inférieur à 7 minutes et supérieur à 10 minutes. Pour valider ses Ecos, le carabin devra obtenir une note supérieure ou égale à 10/20 sur chacune des stations évaluées. Attention : il n’y aura pas de rattrapages. “Les candidats ayant obtenu une note inférieure à la note minimale de 10/20 mentionnée au présent arrêté ne bénéficient d'aucune seconde session. Ils sont autorisés à se présenter à la session des Ecos de l'année universitaire suivante. Les étudiants concernés se réinscrivent à l'université en troisième année de deuxième cycle des études de médecine. Les stages effectués au cours de cette année supplémentaire ne donnent pas lieu à validation”, précise l’arrêté. Enfin, comme attendu et demandé par l’Anemf, les évaluateurs des Ecos proviendront à 50% d’une faculté différente du carabin candidat.
Évaluation du parcours : la grille publiée
Les 10% de la note globale correspondent à l’examen du dossier du carabin, sur la base d'une grille nationale de valorisation du parcours de formation, “qui est commune à tous les dossiers examinés et comprend une pluralité de critères non-discriminatoires”, assure le ministère. Dans les faits, chaque dossier obtient...
un nombre total de points égal à la somme des points acquis pour chacun des critères et se voit alors attribuer une note, dont la valeur maximale est de 60. Les points ont été répartis de la manière suivante :
- Validation d'une UE supplémentaire facultative : 10 points (40 maximum)
- Validation d'année(s) de formation hors médecine, première année de parcours de formation antérieurs en maïeutique, odontologie ou pharmacie : 10 points par 60 ECTS validés
- Validation d’un master 1 : 40 points
- Validation d’un master 2 : 60 points
- Validation d’une thèse : 60 points
- Publication d’un article dans une revue à comité de lecture : 10 points
- Validation d’une UE d’engagement associatif (fonctions associatives, électives, projets spécifiques…) : 40 points
- Validation d'une UE d'engagement pédagogique (tutorats, recherche en pédagogie…) : 40 points
- Validation d'une UE d'engagement social : engagement civique, social…: 40 points
- Participation aux réserves opérationnelles (SSA, MSS) : 40 points
- Expérience professionnelle réalisée dans tout domaine : 10 points/70h ou 20 points/140h (30 points maximum)
- Stage Erasmus 12 mois : 60 points
- Stage Erasmus 6 mois : 40 points
- Stage mobilité courte hors subdivision (durée minimale d'1 mois) : 15 points
- Stage mobilité courte internationale (durée minimale d'1 mois) : 10 points
- Niveau de langue B2 (anglais ou autre) : 10 points
- Niveau de langue C1 (anglais ou autre) : 20 points
- Niveau de langue C2 (anglais ou autre) : 30 points
Des détails encore à préciser
Si l'arrêté était vivement attendu pour faire la lumière sur tous les détails du fonctionnement de la R2C, l’Anemf constate néanmoins que certains points majeurs restent encore dans le flou. C’est notamment le cas pour le fonctionnement des Ecos. Le texte publié par les ministères de tutelle ne précise pas si les carabins auront accès à l’avance aux scenarii, et si la note des deux jurés chargés d’évaluer la présentation sera harmonisée.
Au sujet de la note “parcours”, Sébastien Villard, vice-président chargé des études médicales à l’Anemf, relève que le flou demeure pour le cas des étudiants qui mènent des thèses précoces en plus de leur M2.
Deux arrêtés attendus pour compléter le fonctionnement de la réforme
L’élu rouennais ajoute enfin que deux arrêtés sont encore attendus : un premier sur l’organisation du deuxième cycle, plus précisément sur la question de la sanctuarisation de demi-journées pour la réalisation de simulations et de la personnalisation du parcours. Le second, sur la procédure d’appariement, qui aura vocation notamment à préciser les modalités de pondération des épreuves de connaissances (EDN) et compétences (Ecos).
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