"J'ai passé ma première année à la faculté de médecine d'Angers en 1974. J'y ai commencé mes études pour les terminer à Saint Antoine. J'ai d'abord raté ma première année avant de l'avoir la seconde fois. Je garde le souvenir d'une année de très grande solitude et de très grande compétition. Il était très difficile de vivre une année universitaire au sens classique du terme, comme on pouvait se l'imaginer après le bac. L'année a été compliquée. Je garde en mémoire un autre mauvais souvenir qui est celui du bizutage. Angers était une faculté qui le pratiquait. C'était une cérémonie très traumatisante qui est restée pour moi une très mauvaise expérience. Il y avait tout ce que l'on peut imaginer dans un bizutage : attacher un homme et une femme dans une position dégradante, recevoir des immondices sur la tête en chantant des chansons paillardes… Tout cela n'avait pas pour caractère de se sentir intégré dans le dispositif des études médicales. L'esprit de compétition était très fort. J'ai un souvenir de solitude dans ma chambre d'étudiant à travailler jusqu'à minuit voire deux heures du matin. Après l'avoir raté, je n'ai pas hésité à refaire une première année. Je voulais vraiment devenir médecin. Mais j'appréhendais de recommencer. Ce que je n'avais pas anticipé c'est que les redoublants que nous étions, allions nous retrouver et former des groupes de travail. A cette époque-là, il fallait être redoublant pour former des groupes de travail. Cela m'a aidé. J'ai été moins seul. Mes souvenirs positifs sont d'avoir rencontré, malgré tout, des profs qui ont fait qu'un grand nombre d'entre nous ont pu avoir le concours et ne se sont pas désinvestis en cours d'année. Les profs voulaient vraiment faire de nous des médecins."
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