Un interne a trois fois plus de risque de se suicider qu’un jeune du même âge de la population générale. Face à ce constat, et parce que quatre d’entre eux ont mis fin à leurs jours depuis le mois de janvier, les syndicats représentatifs, doyens des facultés, les ARS, directeurs de CHU et les ministres de la Santé et de l’Enseignement supérieur ont décidé de se réunir, lundi 29 mars, pour une grande réunion de concertation sur les violences vécues par les carabins.
“Il faut passer de la parole aux actes”, demandait notamment l’InterSyndicale nationale des internes (Isni) avant la réunion. Une réunion constructive puisque la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, s’est engagée au principe de “tolérance zéro”. “Elle l’avait déjà dit. Nous saluons évidemment cet engagement mais nous attendons des actes sur le terrain”, affirme Morgan Caillault, président de l’InterSyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale.
“C’était une réunion de consensus. Ce qui était consensuel, c’est d’abord le diagnostic, qui est grave. Puis l’omerta et, enfin, la nécessité de trouver des mécanismes qui permettent de briser l’omerta”, explique Gaetan Casanova, président de l’Isni.
Une liste de propositions, qui servira de base à des groupes de travail, sera diffusée la semaine prochaine. En attendant, Frédérique Vidal a affirmé qu’en cas de délit constaté lors d’un stage, l’interne serait réaffecté immédiatement et l’agrément de stage, retiré. “Les textes existent déjà. Globalement, on ne propose pas encore d’évolutions réglementaires ou législatives. On commence sur un fonctionnement de base qui est de dire : il y a une réglementation, respectez-la", détaille encore Gaetan Casanova qui regrette aussi que le ministre de la Santé, Olivier Véran, n’ait pas assisté à la réunion en personne.
Pour Morgan Caillaut, cette réunion est une bonne première étape, mais c’est dans l’engagement des acteurs présents que les choses vont se jouer. Le syndicat propose notamment, parmi ses contributions, de créer une structure indépendante avec des étudiants en santé et des juristes pour aiguiller les internes victimes, poser des mots sur leur situation et déterminer, ensuite, si les faits relèvent du pénal ou du conflit. “Il faut aussi s’assurer du suivi de l’interne”, insiste-t-il. “Il faut une vraie prise de conscience et vraie impulsion politique. Mais les fondations sont posées”, conclut de son côté le président de l’Isni.
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