Leurs craintes sont confirmées. Après plusieurs jours de silence, l’Université de Paris, contactée par Egora, confirme que les 49 étudiants recalés de médecine après les épreuves orales de l’édition 2021 du concours de la filière Pass devront à nouveau passer leur épreuve. Contrainte par une décision de justice du tribunal administratif de Paris à "réexaminer la situation des requérants”, l’Université de Paris a pris cette décision “dans un souci d’apaisement et de respect de la réglementation”. “L’université ne fait pas appel et s’attache à présent à appliquer la décision de la juridiction”, fait-elle savoir dans un communiqué. Les étudiants s’attendaient pourtant à être réintégrés directement en deuxième année, estimant avoir “gagné sur le fond” devant la justice. Réunis en un collectif, ils protestaient contre le déroulement du concours l’an dernier : tous classés dans le haut du tableau à l’issue des écrits, ils avaient été relégués en bas du classement après les oraux, mettant en cause le principe de “note de rang” imposé par leur faculté. Après un an de procédures en justice, ils ont obtenu gain de cause auprès du tribunal administratif, qui a tranché en leur faveur, jugeant qu’il y avait eu des irrégularités lors des oraux. Il mettait notamment en cause le nombre insuffisant de grand-jurés mobilisés le jour des examens.
Pour l’université, l’organisation de nouvelles épreuves orales est faite “en bonne compréhension” de la décision de justice qui l'enjoignait à “réunir un jury, dans une composition conforme à la réglementation applicable, afin qu’il procède au réexamen de la situation des requérants et qu’il prenne une nouvelle décision à ce titre dans un délai d’un mois”. Les 49 étudiants concernés devront donc passer l’épreuve qui leur a coûté leur place l’an dernier. “En fonction des résultats obtenus à ces épreuves, les étudiants pourront être admis en médecine ou en odontologie, conformément à leur souhait”, précise l’Université, sans détailler néanmoins les modalités précises, la date de l’examen ni la moyenne attendue pour atteindre médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie et kiné. Pour Antoine, l’un des étudiants qu’Egora suit depuis le début de l’affaire, c’est l’incompréhension. “On ne pensait pas qu’ils iraient jusque-là. S’ils reconnaissent une irrégularité dans le déroulement de nos oraux, c’est le cas pour les centaines d’autres étudiants qui ont passé la même épreuve que nous l’an dernier…”, lâche-t-il, dépité. “L’Université Paris Cité s’attache à faire preuve de bienveillance envers l’ensemble de ses étudiants et à leur proposer des solutions optimales à la bonne poursuite de leur cursus universitaire et à leur réussite”, garantit de son côté l’établissement, rappelant que la “réforme du 1er cycle de santé lancée en 2020 est d’une grande complexité” et “que sa mise en place s’est par ailleurs déroulée dans le contexte exceptionnel de la pandémie de Covid-19”. L’université considère enfin qu’elle a “déployé des efforts majeurs pour accueillir et accompagner ses étudiants en santé” par la refonte des contenus des programmes de la première année de santé, la mise en place d'entretien individuel à la demande, l’augmentation des places dans les capacités d’accueil limitées notamment en médecine et en pharmacie ou encore création d’un pôle de prévention et d’orientation psychologique pour les étudiants en santé. “On a reçu aucune convocation à l’heure actuelle et d’ailleurs, vous m’apprenez que je vais repasser mes oraux”, commente de son côté Antoine qui s’étonne par ailleurs de ne pas avoir été prévenu qu’un sous-jury avait été réuni par l’université. “Elle refuse tout échange avec nous ou notre avocat depuis le verdict du tribunal”, assure le jeune homme. Une autre chose le dérange : le fait que la faculté assure avoir le soutien du ministère de l’Enseignement supérieur. “J’ai l’impression d’un gros mensonge”, grince-t-il en se remémorant tous les efforts faits pour “obtenir justice” : grève de la faim, sit-in, procédures, lettres…. “On ne se laissera pas faire et s’il le faut, nous attaquerons cette nouvelle décision en justice”, conclut Antoine, pour qui médecine est “le rêve d’une vie”.
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