Cancers cutanés : pas de dépistage systématique pour le CNGE
Le Collège national des généralistes enseignants (CNGE) ne se montre pas favorable à un dépistage systématique des cancers cutanés, du fait d’une faible efficacité et d’un risque de surdiagnostic.
Ces cancers sont, en effet, fréquents et en constante augmentation. Parmi eux, le mélanome est le plus sévère, à l’origine de près de 2 000 décès chaque année (15 500 nouveaux cas). Outre la prévention solaire, le dépistage constitue l’une des principales armes pour lutter contre ce cancer, permettant une prise en charge précoce et un pronostic amélioré.
Alors, faut-il instaurer un dépistage systématique de la population ? Tous les ans par exemple ? L’Allemagne a mis en place, dès 2008, un tel programme. Le CNGE s’est donc penché sur cette question, et a analysé la littérature scientifique sur ce sujet.
Les données issues de l’expérience allemande, avec 7 ans de recul, ne montrent aucun bénéfice du dépistage systématique en population générale sur les hospitalisations, les décès, et les arrêts de travail (Stang A, et al. Eur J Epidemiol 2018;33:303‑12). Les auteurs ont calculé qu’il faudrait dépister 34 000 sujets pour éviter un décès dû au mélanome cutané (avec l’hypothèse d’une réduction du risque de décès liée au dépistage de 50%).
Une métanalyse de la Cochrane (Johansson M, et al. Cochrane Database Syst Rev 2019;6:CD012352), publiée en 2019, confirment ces résultats, affirmant que le dépistage du mélanome chez les adultes n'était ni soutenu ni réfuté par les données actuelles des essais comparatifs randomisés dont aucun n’a évalué l’effet sur la mortalité.
Il semble, par ailleurs, qu’une grande partie des mélanomes dépistés relèveraient d’un surdiagnostic (jusqu’à 50% dans des études américaines). Ce qui est confirmé par le fait que "des études observationnelles n’ont pas retrouvé d’association entre le dépistage visuel et le stade de mélanome ou le risque de décès par mélanome", ajoute le CNGE. En conséquence, pour les autorités de santé américaines, les preuves sont apparues insuffisantes pour généraliser un dépistage des cancers cutanés par examen visuel.
Le conseil scientifique du CNGE estime, lui aussi, que "les données actuelles de la science ne sont pas en faveur d'un dépistage annuel systématique en population générale des cancers cutanés". Il souhaite cependant mieux évaluer l’intérêt d’un dépistage opportuniste en soins de première ligne. Dans ce cadre, il recommande de développer la dermoscopie, qui "pourrait permettre un adressage plus pertinent aux dermatologues", et de "privilégier les interventions en fonction des risques personnels du patient". La photoprotection doit aussi, bien sûr, être renforcée.
Références :
Communiqué du Collège national des généralistes enseignants (CNGE), 6 juin.
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