Hormonothérapie en prévention des pathologies chroniques chez les femmes ménopausées : de nouvelles recos

30/11/2022 Par Pr Philippe Chanson
Gynécologie-Obstétrique
L’utilisation de l’hormonothérapie est recommandée en pratique clinique pour réduire les symptômes associés à la ménopause. Dans le passé, l’hormonothérapie a, au moment de la ménopause, aussi été prescrite dans la prévention des maladies chroniques fréquentes comme les maladies cardiovasculaires, l’ostéoporose, la détérioration cognitive et un certain nombre de cancers. Depuis la publication de la WHI en 2002, l’utilisation de l’hormonothérapie en prévention primaire des maladies chroniques a diminué.

  Avec ce recul, quel est en fait le bénéfice net global de cette hormonothérapie sur ces maladies ? Avant de faire des recommandations, l’US Preventive Services Task Force (USPSTF) a mené une revue systématique de la littérature avec méta-analyse de toutes les études publiées en langue anglaise, randomisées et prospectives de cohorte, de bonne qualité où la morbidité et la mortalité liées à des maladies chroniques et la qualité de vie en relation avec la santé ont été analysées. Vingt études portant sur 39 145 sujets et 3 études de cohorte portant sur 1 155 410 femmes ont été incluses. Les participantes utilisant des estrogènes seuls en comparaison avec le placebo avaient une réduction significative du risque de diabète sur 7.1 années de suivi (1050 vs 903 cas ; 134 cas en moins ; IC 95 % = 18 -137, pour 10 000 personnes), ainsi qu’un risque diminué de fracture sur 7.2 années de suivi (1024 vs 1413, soit 388 cas en moins ; 277 – 489 pour 10 000 personnes). Les risques, pour 10 000 personnes, étaient en revanche augmentés de manière statistiquement significative tant pour les pathologies de la vésicule biliaire sur une durée de suivi de 7.1 années (1113 vs 737 cas, soit 377 cas en plus; 234 – 540), que pour les accidents vasculaires cérébraux sur une durée de suivi de 7.2 années (318 vs 239, soit 79 cas en plus ; 15 – 159), pour les accidents veineux thrombo-emboliques sur une période de suivi de 7.2 années (258 vs 181 cas, soit 77 cas en plus ; 19 -153) et enfin pour les cas d’incontinence urinaire sur 1 année (2331 vs 1446, soit 885 cas en plus ; 659 – 1135). Les participantes qui utilisaient des estrogènes et des progestatifs en comparaison du placebo avaient des risques significativement inférieurs pour 10 000 personnes/année pour le cancer colo-rectal sur une durée de suivi de 5.1 à 6 années (59 vs 93 cas, soit 34 cas en moins ; 9 – 51), pour le diabète sur un suivi de 5.6 années (403 vs 482 cas, soit 78 cas en moins ; 15 – 133) et pour les fractures sur 5 ans (864 vs 1094, soit 230 cas en moins ; 66 – 362), alors que les risques pour 10 000 personnes étaient significativement augmentés pour le cancer du sein invasif (242 vs 191 cas, soit 51 en plus ; 6 – 106), les pathologies de la vésicule biliaire (723 vs 463, soit 260 en plus ; 169 – 364), les AVC (187 vs 135 cas, soit 52 en plus ; 12 – 104) et les accidents veineux thrombo-emboliques (246 vs 126, soit 120 en plus ; 68 – 185) sur une durée de suivi de 5.6 années ; la démence (179 vs 91 cas, soit 88 en plus ; 15 – 212) sur 4 ans de suivi et l’incontinence urinaire (1707 vs 1145 cas, soit 562 en plus ; 412 – 426) sur une année. En conclusion, l’utilisation de l’hormonothérapie chez les femmes après la ménopause dans un but de prévention primaire des maladies chroniques est associée à quelques bénéfices mais aussi à une augmentation du risque de certaines pathologies, ce qui fait recommander à l’ USPSTF dans un article associé de ne pas utiliser le traitement combiné estrogènes et progestatifs pour la prévention primaire des maladies chroniques chez les femmes ménopausées (recommandation D) et de ne pas recommander l’utilisation d’estrogènes seuls pour la prévention primaire des maladies chroniques chez les femmes ménopausées qui ont eu une hystérectomie (recommandation D).

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