Pour l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), la délivrance des médicaments contenant de la codéine sur ordonance pourrait être une solution pour limiter les overdoses qui se multiplient chez les adolescents.
Suite à la multiplication des cas d’overdose à la codéine, ayant conduit récemment à deux décès chez des adolescents, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ASNM) envisage de limiter l'accès aux médicaments contenant cette substance opiacée. "Nous sommes en train de réfléchir aux différents leviers juridiques réglementaires" pour "restreindre l'accès trop facile à ces médicaments", suite aux signalements d'"utilisation de ces produits par les adolescents" pour un usage récréatif, a expliqué à l'AFP Nathalie Richard, directrice adjointe du pôle de l'ANSM chargé des antalgiques et des stupéfiants. Depuis le début de l'année, l'ANSM a reçu cinq signalements d'utilisation abusive de codéine chez des mineurs, dont deux ayant entraîné des décès. Mais ces chiffres ne sont "pas exhaustifs", "il est fort probable qu'il y ait d'autres cas, pas déclarés", a souligné Nathalie Richard. En 2016, l'agence avait comptabilisé une quinzaine de signalements, dont deux ayant nécessité une hospitalisation. L'ANSM, qui a reçu les premiers signalements d'usage détourné de ce type en 2013, alertait déjà en mars 2016 sur une "nette augmentation" de "demandes de délivrance suspectes rapportées par des pharmaciens d'officine mais aussi de cas de dépendance ou d'abus ayant pu conduire à une hospitalisation". L'agence mettait alors en garde en particulier contre la "mode" du "Purple Drank", un mélange de sirop pour la toux à la codéine, de prométhazine (un antihistaminique aux propriétés sédatives) et de soda. D'autres cas portent sur le détournement de comprimés de d’antalgiques associant paracétamol et codéine, facilement accessibles du fait de leur faible coût (2 à 3 euros la boîte). L'une des pistes envisagées pourrait être d'interdire la délivrance de ces médicaments sans ordonnance, mais d'autres leviers sont aussi envisagés, a ajouté Nathalie Richard. L'ANSM lancera, en outre, dans les prochains mois "une étude spécifique sur ce phénomène", auprès des pharmacies et des services d'urgence pédiatriques, qui permettra d'avoir "des précisions sur la typologie" de ces usages détournés et leurs "conséquences sanitaires", a expliqué la directrice adjointe de l'ANSM. L'agence entend aussi renouveler l'appel à la vigilance des pharmaciens, qui "peuvent refuser une vente quand ils jugent que la délivrance du médicament peut avoir des conséquences sanitaires", et sensibiliser les professionnels de santé en contact avec les jeunes et les enseignants. La mère d'une jeune fille de 16 ans décédée début mai d'une overdose de codéine, interrogée vendredi par Le Parisien, a lancé une pétition sur internet pour interdire la vente de cette substance sans ordonnance, qui a recueilli environ 1700 signatures en trois semaines.
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