« Nous ne savons pas encore si une personne s'en sort moins bien avec elle ou non », a commenté Anthony Fauci, directeur de l'Institut des maladies infectieuses américain, à la revue Jama. « Il semble que le virus se réplique mieux et puisse être plus transmissible, mais nous en sommes toujours au stade d'essayer de le confirmer. Mais il y a de très bons généticiens des virus qui travaillent là-dessus. » Comme tout virus, le Sars-Cov-2 mute en permanence. Né en Chine, il a ensuite présenté une nouvelle version qui s’est diffusée en Europe, et s'est installée aux Etats-Unis. Nommée D614G, cette variante concerne une seule lettre de l'ADN viral, qui joue sur sa capacité à pénétrer les cellules humaines. Le virus et ses mutations génétiques sont analysées et séquencées en permanence dans le monde entier. Actuellement, la base de données internationale Gisaid contient 30 000 séquences. Les chercheurs de cette nouvelle étude (universités de Sheffield et Duke et laboratoire national de Los Alamos) avaient déjà indiqué en avril que la mutation du virus D614G rendait le virus « plus transmissible », mais sans pouvoir le prouver scientifiquement à cette époque. Ils ont donc réalisé des travaux et des expériences supplémentaires, à la demande notamment des éditeurs de Cell. Pour cela, ils ont d'abord analysé les données de 999 patients britanniques hospitalisés à cause du Covid-19 et observé que ceux qui présentaient la variante avaient une charge virale plus importante, sans pour autant que cela change la gravité de leur maladie. En outre, ils ont mené des expériences en laboratoire qui ont montré que la variante était trois à six fois plus capable d'infecter des cellules humaines. « Il semble probable que c'est un virus plus apte », dit Erica Ollmann Saphire, qui a réalisé l'une de ces expériences, au La Jolla Institute for Immunology. Les auteurs restent cependant prudents, car ces données sont basées sur des expériences in vitro, ne pouvant reproduire la dynamique réelle de la pandémie. Ainsi, s’il est probable que le coronavirus qui circule actuellement est sans doute plus « infectieux », il n'est pas forcément plus « transmissible » entre humains. Dans tous les cas, écrivent Nathan Grubaugh et coll, (Université Yale), dans un article distinct, « cette variante est désormais la pandémie ». « D614G ne devrait rien changer à nos mesures de restrictions ni aggraver les infections individuelles », poursuit Nathan Grubaugh. « Nous assistons au travail scientifique en temps réel: c'est une découverte intéressante qui touche potentiellement des millions de gens, mais dont nous ignorons encore l'impact final. Nous avons découvert ce virus il y a six mois,
et nous apprendrons encore beaucoup de choses dans les six prochains mois. »
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