Les traitements à base d’incrétine ne semblent pas augmenter la mortalité globale des diabétiques de type 2

13/07/2017 Par Pr Philippe Chanson
Diabétologie

Les traitements à base d’incrétines font appel soit aux inhibiteurs de DPP4, qui augmentent la concentration des incrétines dans la circulation en inhibant leur dégradation, soit aux agonistes du récepteur du GLP1. Ils représentent maintenant une option thérapeutique utile dans le traitement du diabète de type 2, en particulier en seconde ligne de traitement après la metformine selon les recommandations de l’American Diabetes Association et de l’European Association for the Diabetes.

Leurs effets sur le contrôle glycémique sont bien établis, avec des bénéfices complémentaires sur la perte de poids, sur la pression artérielle, avec des risques minimes d’hypoglycémie. Cependant, une étude randomisée de grande ampleur (SAVOR-TIMI 53) a récemment soulevé l’hypothèse d’une possible augmentation de la mortalité sous saxagliptine en comparaison du placebo. Afin d’évaluer l’impact de ces traitements sur la mortalité globale chez les patients diabétiques de type 2, une revue systématique avec méta-analyse des essais randomisés, a été menée par une équipe canadienne, chinoise et norvégienne. Toutes les études randomisées contrôlées qui avaient comparé soit les agonistes du récepteur du GLP1, soit les inhibiteurs de DPP4 avec du placebo ou un antidiabétique oral actif chez les patients diabétiques de type 2, ont été analysées. 189 essais randomisés contrôlés portant sur 155 145 patients ont été inclus dans la méta-analyse, dont tous étaient à risque faible ou modéré de biais. 77 études n’ont pas rapporté de décès et 112 études ont rapporté 3 888 décès parmi les 151 614 patients. La méta-analyse des 189 essais n’a pas montré de différence de mortalité globale entre les patients traités par médicaments à base d’incrétines et les témoins (1 925/84 136 versus 1 963/67 478 ; odds ratio = 0.96 ; IC 95 % = 0.90-1.02 ; soit une différence de risque de 3 événements de moins pour 1 000 patients sur 5 ans). Ces résultats suggèrent la possibilité d’un bénéfice en termes de mortalité avec les agonistes du GLP1, mais non avec les inhibiteurs de DPP4. Mais cette hypothèse de sous-groupes a une faible crédibilité. Les analyses de sensibilité ne montrent pas de différence importante dans l’estimation des effets. Selon cette méta-analyse, les arguments scientifiques actuels ne suggèrent donc pas que les traitements à base d’incrétine augmentent la mortalité globale chez les patients diabétiques de type 2. Il faut des études complémentaires pour examiner si ces effets sont différents entre les agonistes du récepteur de GLP1 et les inhibiteurs de DPP4.

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