Le véritable "organe" qu’est le microbiote intestinal vient de faire l’objet d’un ouvrage collectif, permettant d’appréhender la notion de symbiose microbiote-hôte et son implication dans le maintien de l’état de santé.
Le microbiote suscite un intérêt grandissant en ce qui concerne son implication dans un grand nombre de pathologies. Le séquençage massif à haut débit du génome bactérien a permis un formidable bond en avant dans la caractérisation des bactéries qui peuplent le système digestif. Ces bactéries sont au nombre de 10 puissance 14 pour chaque personne. Chaque individu serait porteur d’environ 160 espèces de bactéries différentes, avec un socle commun pour tous les individus de 15 à 20 espèces. Une vaste étude génétique menée par l’Inra (MetaHIT) a montré l’énorme diversité génétique du microbiote puisque l’on recense un total de 10 millions de gènes différents, appartenant à plus de 1 000 espèces. Au niveau individuel, chaque individu porte environ 600 000 gènes microbiens, 25 fois le génome humain ! Ce véritable "organe" vient de faire l’objet d’un ouvrage collectif* coordonné par les Prs Philippe Marteau (hôpital Saint-Antoine, Paris) et Joël Doré (Inra, Jouy-en-Josas) et dont l’édition est parrainée par Biocodex. Le lecteur y trouvera une base solide et accessible pour appréhender la notion de symbiose microbiote-hôte et son implication dans le maintien de l’état de santé. Le microbiote intestinal remplit de nombreuses fonctions physiologiques au sein de son hôte : un effet de barrière vis-à-vis de la colonisation intestinale par des micro-organismes environnementaux et pathogènes ; des fonctions trophiques; des fonctions métaboliques, puisqu’il aide à la fermentation de certains aliments non digérés dans l’intestin grêle, des fonctions immunitaires. "La dysbiose (rupture de l’équilibre du microbiote) semble clairement être un facteur de risque important dans le développement de certaines pathologies", explique le Pr Marteau : « l’obésité, la maladie de Crohn, la rectocolite hémorragique, le diabète, les maladies hépatiques, les allergies, les maladies neurologiques. On s’est rendu compte chez l’animal qu’en transférant une flore intestinale d’un animal à l’autre, on parvenait à transférer un comportement dépressif ou même l’obésité, explique Philippe Marteau. Ce qui indique qu’il existe un lien entre certaines pathologies et le microbiote. Sans transposer ces résultats à l’homme, ces observations suscitent de grands espoirs pour le traitement de certaines maladies. On peut imaginer ainsi les traiter en restaurant une biodiversité. La transplantation fécale pourrait être une piste. Plus de soixante essais cliniques sont d’ailleurs en cours pour la rectocolite hémorragique, la maladie de Crohn et le syndrome métabolique. » Le microbiote risque encore de réserver des surprises. * « Le microbiote intestinal : un organe à part entière ». Éd. John Libbey. Eurotext, janvier 2017, 340 p, 89 euros.
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