Nouvelles recommandations du diabète : le CNGE fait quelques réserves
Le Conseil scientifique du Collège national des généralistes enseignants (CNGE) salue la parution des nouvelles recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) dans le diabète de type 2, qui étaient attendues "depuis des années". Cependant, dans l’optique d’améliorer encore la prise en charge des patients, il fait part, dans un communiqué daté du 17 juin, de deux réserves concernant d’une part la place de la metformine, et d’autre part les cibles d’HBA1c.
Le CNGE souligne le fait que les nouveaux antidiabétiques que sont les iSGLT2 et les aGLP1 sont dorénavant placés "au rang de thérapeutiques médicamenteuses majeures du diabète de type 2 devant faire privilégier ces deux classes sur les autres antidiabétiques". Il considère ainsi que cette recommandation "pourrait permettre d’améliorer la prise en charge des patients atteints de diabète de type 2, notamment sur le risque de complications". Cependant, il interpelle sur le fait de placer la metformine systématiquement en première intention.
En effet, pour le Conseil scientifique, le bénéfice clinique de cette molécule n’est pas "formellement démontré en première ligne sur les complications micro- et macro-vasculaires dans des revues systématiques avec méta-analyses". De plus, il n’y a pas non plus de preuves médico-économiques de l’intérêt de cette stratégie, "en tenant compte du coût des médicaments en France, qui feraient privilégier les aGLP1 et iSGLT24". En outre, d’autres sociétés savantes (américaine, européennes…) ne recommandent pas la metformine en première intention. Pour le CNGE, cette recommandation de la HAS "peut être expliquée par l’absence de remboursement des aGLP1 et iSGLT2 en monothérapie de première ligne bien que ces deux principes actifs aient une autorisation de mise sur le marché (AMM) en monothérapie en cas d’intolérance ou de contre-indication à la metformine".
Le CNGE souhaite donc, "en cohérence avec les données de la science", que "les aGLP1 et iSGLT2 soient remboursés en monothérapie, notamment en cas de maladie cardiovasculaire établie".
Par ailleurs, le Conseil scientifique du CNGE considère que le fait de maintenir la cible de 7% d’HBA1c pour la majorité des patients, ne repose pas sur "des données scientifiques bien établies". D’autant que cela a été confirmé par une récente revue systématique (Wallach JD, et al. Jama 2024;331:1646 54), qui n'a pas établi l’intérêt d’une diminution de l’HBA1c sur le risque cardiovasculaire et la mortalité.
Le CNGE préconise donc de s’aligner sur les recommandations de l’American College of physicians et de proposer des cibles d’HbA1c moins strictes, entre 7% et 8%, pour l’ensemble des patients. "Cette attitude semble plus logique compte tenu de l’absence de preuve que des cibles plus strictes apportent un bénéfice aux patients", explique de Conseil scientifique. Ce dernier souhaite, en outre, que "de nouvelles recommandations discutant les cibles thérapeutiques du diabète [soient] menées avec la méthode Grade, pour plus de pertinence et de cohérence avec la recommandation en cours sur le risque cardiovasculaire global".
Références :
Communiqué du Conseil scientifique du Collège national des généralistes enseignants (CNGE, 17 juin)
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