Variant sud-africain : un risque de résistance aux anticorps naturels ou vaccinaux

29/03/2021 Par Marielle Ammouche
Infectiologie
Le variant anglais a peu d’impact sur la réaction immunitaire des sujets infectés ou vaccinés ; en revanche, le variant sud-africain réduit nettement cette réaction, selon des auteurs français dans une étude qui vient de paraitre dans Nature Medicine.
 

Les variants du Sars-CoV-2, - et en particulier celui d’origine britannique - étant majoritaires en France, des chercheurs français (Institut Pasteur, en collaboration avec le CHR d’Orléans, le CHRU de Tours, le CHI de Créteil, le CHU de Strasbourg et l’Hôpital Européen Georges Pompidou) ont voulu en savoir plus sur leur impact au niveau immunitaire, en étudiant leur sensibilité aux anticorps neutralisants chez les personnes infectées ou vaccinées, et en la comparant à la souche de référence circulant en France. Pour cela, ils ont utilisé des sérums de personnes ayant été exposées précédemment au Sars-CoV-2 ou ayant été vaccinées. « Jusqu'à présent, l'efficacité de la neutralisation a été principalement évaluée à l'aide de tests avec des pseudovirus. Nous pensons qu'il est crucial d'utiliser des souches virales infectieuses authentiques, en plus des pseudovirus, pour évaluer la sensibilité virale aux anticorps neutralisants. Ici, nous avons isolé et utilisé les souches authentiques B.1.1.7 [anglaise] et B.1.351 [sud-africaine] et établi un nouveau test de neutralisation rapide et semi-automatisé, basé sur des cellules « indicatrices » qui deviennent fluorescentes après quelques heures d’infection » précise Olivier Schwartz, co-principal auteur de l’étude et directeur de l’unité Virus et Immunité à l’Institut Pasteur. Les résultats ont montré que le variant anglais a été neutralisé par 95% des sérums de personnes ayant été infectées par le virus, soit une proportion identique à celle qui est observée avec la souche historique du virus.

En revanche, pour le variant sud-africain il y avait une perte d'activité neutralisante dans 40% des sérums d’individus exposés. Et les concentrations d’anticorps nécessaires pour neutraliser le virus étaient environ six fois plus importantes que pour la souche historique. « Nous montrons que les variants à propagation plus rapide, et en particulier le variant sud-africain, ont acquis une résistance partielle aux anticorps produits après une infection naturelle. Cette perte d’efficacité est surtout visible chez les individus avec de faibles niveaux d'anticorps » précise Olivier Schwartz.   Efficacité vaccinale diminuée pour la souche sud-africaine Les scientifiques ont ensuite étudié la réaction sur des sérums de sujets vaccinés avec le vaccin de Pfizer/BioNtech. Une semaine après la seconde injection (soit au bout de 4 semaines), les sérums...

étaient presque aussi efficaces contre le variant anglais que contre le virus de référence mais restaient moins efficaces contre le variant sud-africain. A cette échéance, 80% des sérums étaient neutralisants pour les souches historiques et anglaises, mais seulement 60% pour le variant sud-africain. Les réactions immunitaires sont apparues aussi différentes en fonction du temps et de la souche. Ainsi, deux semaines après la vaccination, les sérums apparaissaient neutralisant uniquement contre la souche historique. La souche anglaise commençait à être neutralisée à partir de la troisième semaine, mais de manière moins efficace que la souche de référence. Tandis que la réponse immunitaire à la souche sud-africaine n’apparaissait, quant à elle, qu’à partir de la quatrième semaine. « Le vaccin a généré une réponse neutralisante ciblant efficacement les souches D614G [historique] et B.1.1.7, même s’il y a eu un retard dans l’apparition d'anticorps neutralisants contre B.1.1.7. L’efficacité des anticorps neutralisants pour la souche B.1.351 est plus faible » expliquent Sylvie van der Werf responsable du Centre National de Référence des virus des infections respiratoires de l’Institut Pasteur et Thierry Prazuck chef de service Maladies Infectieuses au CHR d’Orléans, principaux co-auteurs de l’étude.

Enfin, autre enseignement de l’étude : il semble que la vaccination n’induise pas de production d’anticorps neutralisants au niveau des muqueuses nasales, quatre semaines après la première injection. La seule activité neutralisante observée à cette échéance se trouvait chez les individus qui avaient été infectés par le Sars-CoV-2 avant la vaccination.  

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