Examen gynécologique : les sociétés savantes publient une charte à destination des médecins

Quelques semaines après les révélations sur l’affaire du Pr Daraï, spécialiste de l’endométriose à l’hôpital Tenon (Paris) accusé de viol par plusieurs patientes, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) publie une charte de la consultation à destination des médecins.

21/10/2021 Par Louise Claereboudt
Gynécologie-Obstétrique

Depuis fin septembre, les révélations sur l’affaire du Pr Emile Daraï, spécialiste de l’endométriose à l’hôpital Tenon (Paris) soupçonné de viol sur des patientes, ont eu un véritable retentissement dans les médias, provoquant une série de témoignages de victimes, tous plus accablants les uns que les autres. Il y a une semaine, c’est une autre gynécologue, âgé de 70 ans et aujourd’hui à la retraite, qui a fait la Une des journaux, mis en examen pour 75 viols et 14 agressions sexuelles

En réaction à ces affaires, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) a publié une charte de la consultation destinée à la profession et signée par 5 autres sociétés savantes (la Société française de gynécologie, la Société de chirurgie gynécologique et pelvienne, la Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale, le Collège national des enseignants de gynécologie médicale et le Collège des enseignants de gynécologie-obstétrique). Afin que chaque patiente puisse en prendre connaissance, le CNGOF appelle tous les praticiens à adhérer à cette charte et, surtout, à l’afficher dans la salle d’attente de leur cabinet. Cette dernière comprend 12 points qui doivent permettre au praticien de conduire l’examen dans les meilleures conditions. Le premier de ces points relève d’un constat : "la consultation en gynécologie ou en obstétrique n’est pas une consultation comme les autres puisqu’elle touche à l’intimité des patientes".

"Le praticien, médecin ou sage-femme, conduit la consultation avec bienveillance et respect, en gardant à l’esprit la particularité de cette consultation et les besoins d’écoute et de dialogue", explique le texte. Alors que de nombreuses victimes des praticiens visés par des plaintes ont témoigné de violences lors de l’examen clinique, la charte inscrit que cet acte n’est "pas systématique". "Par exemple, il n’est pas conseillé lors de la première consultation d’une jeune femme pour contraception, en l’absence de symptômes", rappelle le CNGOF. Une explication des objectifs et...

des modalités de l’examen clinique doit être apportée à la patiente en amont. Cet examen "fournit des renseignements que l’imagerie ne peut pas apporter", l’état de la vulve, la mobilité des organes pelviens ou encore l’origine de saignements par exemple. "Il permet aussi la pratique de prélèvements (frottis, examens bactériologiques)."   

 

Accord oral systématique avant tout examen clinique 

La question du consentement est également abordée dans cette charte. Ainsi les sociétés savantes préconisent de recueillir l’accord oral de la patiente "avant tout examen clinique". Idem, en ville comme à l’hôpital, la présence d’un tiers, comme celle d’un étudiant en médecine, lors de la consultation doit être approuvée par la patiente. "Tout geste médical ou examen clinique éventuel pratiqué par l’étudiant est également subordonné à l’accord de la personne examinée." Cette dernière doit par ailleurs pouvoir "se dévêtir à l’abri des regards, dans le respect de sa pudeur", et peut aussi être assistée "par l’accompagnant de son choix", lit-on. Cet examen, qui "peut comporter une palpation des seins, une palpation abdominale, un toucher vaginal avec gant ou doigtier, et l’usage de matériels médicaux tels qu’un spéculum ou une sonde endovaginale" voire un "toucher rectal après explications", doit pouvoir être interrompu par la patiente "dès qu’elle en manifeste la volonté". 

"Aucune pression, en cas de refus, ne sera exercée sur elle ; il convient alors de l’informer de l’éventuelle nécessité d’un nouveau rendez-vous pour réaliser l’examen, si celui-ci est indispensable, et de l’informer des limites diagnostiques et thérapeutiques que cette absence d’examen clinique peut entraîner", précise les sociétés savantes. Cette charte s’applique à l’ensemble des "explorations d’imagerie gynécologiques" (échographies endovaginales, hystérographies, etc.), qui doivent "respecter la pudeur" de la patiente.

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