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IST : plusieurs recommandations, nouvelles et à venir

Les évolutions épidémiologiques, de nouvelles résistances aux antibiotiques et de nouvelles stratégies de prévention ont rendu nécessaires plusieurs mises au point thérapeutiques. 

16/01/2025 Par Dre Brigitte Blond
Dermatologie
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À la demande de la Direction générale de la santé (DGS) et sous l’égide de l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales-maladies infectieuses émergentes, et du Conseil national du sida, de nouvelles recommandations pour la prise en charge des infections sexuellement transmissibles (IST) sont en cours d’élaboration. Les dernières recommandations datant de 2016, une mise à jour s’imposait. Quelques informations sur la prise en charge des infections « bactériennes » ont été dévoilées. Et les premières publications officielles, qui concernent les IST virales et parasitaires, sont d’ores et déjà sur le site de la Haute Autorité de santé (HAS).

En 2023, au moins 55 000 personnes ont été diagnostiquées pour une infection par Chlamydiae trachomatis (Ct), à 53 % des hommes, 27 % en Île-de-France, soit une augmentation globale des diagnostics de 29 % depuis 2020, et ce quels que soient le genre et les pratiques sexuelles. Explosion des diagnostics aussi pour les infections à gonocoque, 23 000 personnes en 2023, à 70 % des hommes, et avec 39 % des diagnostics en Île-de-France. Enfin, la région parisienne totalise 40 % des 6 000 diagnostics de syphilis, à 89 % des hommes, plus volontiers de 26 à 49 ans. « L’élévation du nombre de diagnostics, supérieure à celle du nombre de dépistages, est en faveur d’une augmentation de l’incidence sur la période 2020-2023 des gonococcies surtout, dans les deux sexes et quelle que soit la classe d’âge, mais aussi de la syphilis chez les femmes de tous âges », résume le Dr Rémi Le François, de l’unité d’infectiologie au centre hospitalier de Saint-Denis.

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La situation des résistances de Neisseria gonorrhoeae aux antibiotiques reste très en faveur de la ceftriaxone en monothérapie (1 000 mg en injection unique). Les nouvelles recommandations devraient entériner aussi le principe d’un traitement des infections à Ct par la doxycycline de préférence, 200 mg/j durant sept jours.

Pour ce qui est du traitement de la syphilis, plus aucun tréponème n’est sensible à l’azithromycine en Amérique du Nord, les trois quarts sont résistants en Europe. « Par ailleurs, la ceftriaxone est un antibiotique “critique” ; et la doxycycline, utilisée en traitement alternatif de la pénicilline G (en ruptures de stock récurrentes), n’a pas démontré formellement son équivalence. Un essai clinique randomisé de non-infériorité vient donc de débuter, Sy-Doxy, sur des patients atteints de syphilis à des stades précoces (primaire, secondaire et latente précoce) comparant ces deux traitements. Les résultats ne seront, bien sûr, pas intégrés aux recommandations “bactériennes” qui sont annoncées pour le premier trimestre 2025 », a précisé le Dr Sébastien Fouéré, du centre de pathologie génitale et des infections sexuellement transmissibles de l’hôpital Saint-Louis (Paris).

L’actualisation des recommandations de prise en charge des personnes atteintes de condylomes anogénitaux (verrues génitales dues à HPV 6 et 11 essentiellement), la plus fréquente des IST virales, est aussi déjà lisible sur le site de la HAS, avec une hiérarchisation des traitements de première et seconde intention, ainsi que les adaptations en fonction de la localisation des lésions. La podophyllotoxine, à la concentration de 0,5 % en solution (seule commercialisée en France) ou éventuellement l’imiquimod 5 % crème, doit être utilisée en première intention associée ou non à la cryothérapie. Par ailleurs, la vaccination nonavalente vis-à-vis des HPV, aujourd’hui remboursée pour les personnes hétérosexuelles des deux sexes de moins de 19 ans ainsi que pour les homosexuels masculins de moins de 26 ans (une recommandation particulière à la France), devrait être étendue à tous les publics de moins de 26 ans si les autorités de santé suivent les préconisations du groupe de travail dédié.

Références :

Journées dermatologiques de Paris de la Société française de dermatologie (Paris, 3 au 7 décembre 2024) D’après les communications des Drs Sébastien Fouéré (hôpital Saint-Louis, Paris) et Rémi Le François (centre hospitalier de Saint-Denis) ; et « Prise en charge thérapeutique des patients atteints de condylomes ano-génitaux », recommandation de bonne pratique. HAS-ANRS-CNS, 2 décembre 2024

12 débatteurs en ligne12 en ligne
Photo de profil de Jeanludovic Brutin
13 points
Dermatologie et vénérologie
il y a 27 jours
bo,jour quel est le nom commercial ou DCI antibiotique SY cité dans l'article avec la doxy ?
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