L'étude de l’Institut Pasteur, dévoilée ce jeudi et baptisée ComCor, a été menée en octobre/novembre, pendant le couvre-feu puis le confinement, quand les établissements étaient partiellement voire complètement fermés. Il faut donc être prudent dans l’interprétation de ses résultats, prévient le Pr Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l'Institut Pasteur et membre du Conseil scientifique qui guide le Gouvernement. "On voit dans cette étude une augmentation du risque associée à la fréquentation des bars et restaurants", explique-t-il d’abord. Mais, le sujet étant très sensible et la période particulière, il est difficile de savoir "quelle est la part réelle des restaurants et des bars dans la transmission" du virus, puisque cette période ne correspondait pas à leur fonctionnement normal. De plus, toujours selon l'étude, le risque augmente même davantage pendant le confinement que pendant le couvre-feu, ce qui semble paradoxal puisque les établissements étaient alors censés être totalement fermés. "Cela laisse entendre qu'il y a eu des bars et restaurants ouverts de façon clandestine pendant le confinement" et que les personnes qui s'y sont rendues, même moins nombreuses, "s'y sont beaucoup exposées", avance le Pr Fontanet auprès de nos confrères de l’AFP. "L'ensemble montre que c'est un lieu à risques, en revanche, l'ampleur du risque doit être réévaluée dans des conditions d'ouverture beaucoup plus classiques" que celles de son étude, juge-t-il.
3.400 volontaires interrogés Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs de ComCor ont interrogé 3.400 volontaires infectés par le Covid-19 et 1.700 autres qui n'ont pas été contaminés. Le but : définir des facteurs de risques (profession, mode de déplacement, endroits visités...) en comparant infectés et non-infectés. C'est ainsi qu'ils ont déterminé que la fréquentation des restaurants, bars ou salles de sport était associée à une augmentation du risque, contrairement aux transports en commun ou aux commerces (alimentaire, habillement...). En plus de ce volet sur les facteurs de risques, l'étude ComCor comprend une autre partie sur les circonstances de contamination. Elle porte sur 25.600 personnes infectées tirées des fichiers de l'assurance-maladie (Cnam), interrogées par questionnaire. Ce volet montre que "les repas jouent un rôle central dans ces contaminations, que ce soit en milieu familial, amical ou à moindre degré professionnel", puisqu'on y est proche les uns des autres, et sans masque. "Les réunions privées - familles, amis - constituent la principale source d'infection", rappelle le Pr Fontanet. "Si les gens organisent des dîners amicaux chez eux plutôt qu'aller au restaurant, ça ne change rien". 44% des personnes infectées savaient comment elles l'avaient été. En outre, un très grand nombre (97%) s'est isolé, mais souvent trop tard, par exemple en attendant d'être testé. Là encore, il faut toutefois prendre en compte le fait que la période particulière de l'étude ComCor ne permet pas de tirer de conclusion définitive.
Cette étude sera poursuivie ces prochains mois pour affiner ces premiers résultats et en savoir plus sur la transmission du virus dans d'autres endroits, comme les lieux de culture. "Ce n'est pas un outil de censure pour dire ‘Attention, c'est chez vous que ça se passe’, mais au contraire un outil qui accompagnera les réouvertures pour voir si on détecte un sur-risque", conclut le Pr Fontanet. [avec AFP]
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