"Il ne se comporte pas comme un médecin devrait le faire" : le Pr Raoult poursuivi par l’Ordre
Depuis le début de la crise du Covid-19, le médiatique défenseur de l'hydroxychloroquine fascine les uns et agace les autres, à tel point que la communauté médicale elle-même se déchire à son sujet. En juillet dernier, des confrères avaient même déposé une plainte contre lui auprès du Conseil départemental de l’Ordre des médecins des Bouches-du-Rhône. La Société de pathologie infectieuse de langue française (Spilf) avait estimé qu’il avait enfreint neuf articles du code de déontologie médicale. “Ce qui nous a poussés à nous mobiliser, c'est qu'en juin, alors que plusieurs études montraient que l'hydroxychloroquine ne marchait pas, Didier Raoult a continué à la promouvoir et à vouloir l'imposer”, a expliqué au Parisien le président de l'association, le Pr Pierre Tattevin. “L'obstination de Didier Raoult a des conséquences graves, il ne se comporte pas comme un médecin devrait le faire”, a-t-il lancé, assurant que la liberté de prescrire ne devait pas se faire “aux dépens des patients”.
Parmi les autres signalements figure celui d’un collectif de cinq médecins hospitaliers, déplorant sa “surmédiatisation”, et estimant que son discours “s'oppose aux données et résultats scientifiques”. Le Pr Raoult est allé “jusqu'à prôner et prescrire des thérapeutiques et associations médicamenteuses non éprouvées, au minimum inefficaces, au pire dangereuses”, ont-ils dénoncé. Après avoir entendu le Pr Raoult le 6 octobre, le CDOM des Bouches-du-Rhône, réuni en assemblée plénière, a décidé de porter plainte, a annoncé l’instance au Parisien, qui précise que l'infectiologue a été avisé par courrier ce lundi 9 novembre. Le directeur de l’IHU devrait ainsi comparaître devant la chambre disciplinaire de l'Ordre régional dans les prochains mois. Interrogé par l’AFP, le Cnom a indiqué qu’”aucun calendrier ni date d'audience n'ont pour l'heure été fixés”. “Cela va être long et cela nous amènera sans doute en 2021", a-t-il commenté, précisant que le délai de traitement de ce genre de plaintes par les chambres disciplinaires de première instance était de 10 mois en moyenne. “Aujourd'hui, on fait le procès de Didier Raoult, mais il n'a mis personne en danger : son traitement est reconnu par la communauté scientifique internationale, il est prescrit en routine au Maroc, au Sénégal, au Mali… Du reste, il testait tout le monde quand, ailleurs en France, on ne pouvait répondre à la demande”, a déclaré son avocat, Me Fabrice Di Vizio, qui a assuré que “la relaxe ne fait aucun doute [...] sous réserve que la chambre disciplinaire soit réellement impartiale”. Pour l’avocat, son client “a peut-être trop parlé mais il n'est pas le seul. Certains médecins ont couru les plateaux télévisés en minimisant le risque”, a-t-il lancé, déplorant que l’Ordre s’attaque à l’infectiologue mais n’ait pas été présent lorsque “des médecins mouraient par manque de masques et de protections”. [avec Le Parisien et AFP]
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