Alors que le quinquennat s'achève, Marisol Touraine continue de s'activer, relate Le Figaro. La ministre de la Santé a lancé la semaine dernière le "116 117", ouvert lundi l'accès aux données de santé, annoncé hier de nouvelles mesures pour les malades d'Alzheimer… Un activisme qui aura été la marque de fabrique de cette fidèle de François Hollande, tout au long de ses cinq années passées avenue de Ségur. Mais pour quel bilan au final ?
Le quotidien salue le "record de longévité", détenu jusqu'ici par Simone Veil. Mais la performance s'arrête là. Car rarement ministre de la Santé aura été "aussi impopulaire". Marisol Touraine aura réussi à se mettre à dos toutes les catégories de professionnels de santé : médecins libéraux opposés à sa loi santé, chirurgiens- dentistes et radiologues en grève, infirmières qui manifestent contre leurs conditions de travail. Et dernièrement, préavis de grève des internes qui protestent contre la réforme du 3ème cycle.
Défiance complète
Commencé sur un pacte de confiance, le quinquennat se termine sur "une défiance complète", critique le président de la Fédération hospitalière de France, Frédéric Valletoux. "La ministre a passé cinq ans à faire des économies, sans faire les réformes qui auraient rendu ces économies supportables", ajoute-t-il en signalant que la seule réforme valable à ses yeux, la création des Groupements hospitaliers de territoire (GHT), ne donnera ses effets que dans plusieurs années. Le président des cliniques privées (FHP), Lamine Gharbi, dénonce, lui, les "mesures vexatoires et punitives " dont les établissements ont été les victimes, citant les baisses de tarifs. Les deux frères ennemis, FHF et FHP ont même mis leurs forces en commun pour dénoncer la baisse des tarifs de l'hospitalisation de jour, alors que les pouvoirs publics veulent mettre en œuvre le virage ambulatoire. Mais pour l'Elysée, le bilan est positif, avance Le Figaro. Les finances de la sécurité sociale sont revenues à l'équilibre financier, de nouveaux droits ont été créés avec la prise en compte de la pénibilité du travail, la généralisation du tiers payant ou de la complémentaire santé. Pour le président de la CSMF, Jean-Paul Ortiz : "La ministre a voulu prendre des mesures érigées en marqueurs de gauche. Or beaucoup sont difficile à mettre en place ou se révèlent in fine, inégalitaires". Bien que la ministre ait multiplié les maisons de santé, le problème des déserts médicaux "reste prégnant". Enfin, bien que réduit, le "trou" de la sécurité sociale renvoie à celui de l'assurance maladie, en déficit de 4,8 milliards d'euros en 2016.
Dogmatisme
La méthode de la ministre est unanimement critiquée : "manque d'écoute", "dogmatisme". Pourtant, ajoute Michel Chassang, le président de l'Union nationale des associations de professions libérales (et ex pdt de la CSMF), peu enclin à caresser ce gouvernement dans le sens du poil, "elle a de vraies qualités humaines. Elle est raide, mais elle est fiable. Quand elle donne sa parole, elle la respecte. Mais elle n'a pas réussi à faire fructifier ces qualités. A part contenir les dépenses de santé dans l'Ondam, toutes les réformes de fond sont à venir", estime-t-il. La conclusion revient à Bruno Retailleau, le président du groupe LR du Sénat. "Ce quinquennat a développé une vision très idéologique hospitalo-centrée, contre la médecine libérale, estime-t-il. La santé s'étatise de plus en plus et devient de moins en moins efficace. On a raté les grands enjeux de la santé de demain, comme la prévention, la télémédecine, un parcours de soins plus équilibré", regrette-t-il. [Avec Le Figaro]
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