Thérapies digitales : l’enjeu de la notoriété

18/09/2023 Par Marie Ruelleux-Dagorne
E-santé
Pour sa seconde édition qui s’est déroulée en juillet dernier, DTx France a choisi une thématique résolument tournée vers la mise en place des fondamentaux et des facteurs clés de succès des solutions DTx.

      Egora : DTx, de quoi s’agit-il ? Franck Le Meur : DTx signifie Digital Therapeutics, en français thérapies digitales ou numériques. Il s’agit donc de solutions digitales qui ont fait la preuve d’un bénéfice clinique au cours d’essais reconnus par les autorités, qui permettent de prévenir, gérer, voire traiter un trouble ou une pathologie. Elles peuvent prendre plusieurs formes comme des applications mobiles ou encore des dispositifs ou objets connectés comme les casques de réalité virtuelle par exemple.    Quels sont les principaux champs d’application aujourd’hui ? Les thérapies digitales interviennent notamment dans les sphères neurocomportementales comprenant la gestion de la douleur, les troubles comportementaux, les phobies, les troubles alimentaires... Il y un véritable focus sur la psychiatrie cette année. Par ailleurs, la douleur constitue elle aussi un champ d’application important à côté du diabète qui est un des sujets phares dans notre domaine. Cette interaction entre la solution digitale et le patient permet finalement d’avoir une action sur son comportement ou sa posture. Par exemple en rhumatologie, la e-réhabilitation permet parfois de remplacer ou de supplémenter un kinésithérapeute qui ne serait pas disponible. Et le recours à ces technologies favorise l’activité physique du patient et pourra même éventuellement lui permettre de diminuer ses antalgiques.   DTx en France en 2023 : quelles sont les nouveautés de cette année ? La première édition de 2022 visait surtout à définir ce que sont les thérapies digitales ainsi que les perspectives dans le domaine. Il s’agissait de poser les premiers socles et d’échanger avec d’autres pays comme l’Allemagne, l’Italie et les Etats-Unis. Cette année, nous sommes rentrés dans le vif du sujet en axant notre programme sur les fondations du DTx et ses conditions de déploiement. Accès au marché, réalisation, construction, mise à disposition, modèles économiques : autant de sujets qui étaient au centre des débats cette année. Grâce à notre partenariat avec Vidal, des médecins généralistes ont été invités et ont participé à l’événement. Un signal très positif pour nous. Beaucoup d’Institutionnels étaient représentés aussi. C‘est donc un véritable écosystème de la santé numérique en France qui s’est rendu à cet évènement.   Y a-t-il de nouvelles applications à suivre de près ? Nous avons été très surpris par le refus de remboursement de Deprexis, une application de traitement de la dépression légère. Elle avait pourtant reçu un avis règlementaire positif.  Une grande déception de notre côté puisque les DTx constituent une alternative thérapeutique importante à un moment où nos professionnels de santé sont en saturation et que la psychiatrie connaît une vague épidémiologique sans précédent. Les psychiatres ne sont pas plus nombreux et les autorités devraient laisser la possibilité d’une alternative peu couteuse dont on aura en plus des retours de données instantanés pour une évaluation de la véritable efficacité en vie réelle. Cette application présente un intérêt sociétal et clinique particulièrement contextuel. On voit désormais les défis qui nous attendent. Enfin, d’autres applications en cours de développement concernent la douleur, un domaine dans lequel l’arsenal thérapeutique peut souvent faire défaut.   Selon l’étude Vidal présentée déjà lors de la session précédente : 46% des médecins ne connaissent pas les DTx et seulement 9% déclarent en avoir bénéficié ou prescrit à leurs patients. Comment développer les usages et l’adoption des DTx ? La grande problématique du développement de ces solutions est leur notoriété avant tout, et donc leur promotion pour qu’elles puissent être prescrites. Il est également vrai que l’âge des médecins et des patients peut être un facteur limitant. Mais les patients doivent savoir qu’ils peuvent tout à fait être demandeurs auprès de leurs praticiens !

1 commentaire
Photo de profil de Henri Baspeyre
12 k points
Débatteur Passionné
Chirurgie générale
il y a 1 an
je suis sceptique
 
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