Grossesse : une glycémie à jeun anormale est un facteur de risque de diabète de type 2 à début précoce

11/05/2023 Par Pr Philippe Chanson
Diabétologie Endocrinologie-Métabolisme Gynécologie-Obstétrique

Le diabète gestationnel est la complication la plus fréquente de la grossesse et est caractérisée par une insuffisance de sécrétion par les cellules β pancréatique pour couvrir les besoins en insuline, ceux-ci augmentant au cours de la grossesse.

Les critères diagnostiques pour le diabète gestationnel restent très discutés même si de nombreuses recommandations ont maintenant été proposées et acceptées. Cependant, beaucoup de ces études ont été réalisées sur des cohortes relativement petites, faites dans un seul centre ou utilisant des moyens qui n’étaient pas applicables en pratique clinique. Ceci a conduit une équipe israélienne à analyser les différents degrés d’intolérance au glucose au cours de la grossesse à l’occasion d’un dépistage de grossesse universel et de regarder son lien avec le risque de diabète de type 2 à l’âge adulte. En effet, le risque de diabète de type 2 n’est pas bien connu chez les femmes qui ont une simple intolérance au glucose (sans vraiment répondre aux critères du diabète gestationnel) au cours de la grossesse. Cette étude de cohorte de population a été faite sur la base des données nationales de la conscription israélienne qui a été mise en lien avec le Maccabi Healthcare Services, la seconde organisation de soins nationale en Israël. 177 241 femmes qui avaient eu une évaluation avant le recrutement à l’adolescence, entre 16 et 20 ans, puis 1 an avant le Service Militaire obligatoire, et par la suite ont eu entre janvier 2001 et décembre 2019 un dépistage du diabète gestationnel en 2 étapes (test de charge à 50 g de glucose basé sur un seuil de 1.40 g/l (7.8 mmol/l), puis, si cela était nécessaire, une HGPO avec 100 g de glucose, les valeurs anormales au cours de l’HGPO étant définies selon les seuils de Carpenter et Coustan. Au cours d’un suivi cumulé de 1 882 647 femmes/années, et après un suivi médian de 10.8 ans, le diagnostic de diabète de type 2 a été porté chez 1 262 femmes. Les taux d’incidence de diabète de type 2 étaient de 2.6 (IC 95 % = 2.4 – 2.9) pour 10 000 personnes/année chez les femmes ayant une normoglycémie pendant la grossesse, de 8.9 (7.4 – 10.6) pour 10 000 personnes/année chez les femmes ayant un test de dépistage (50 g de glucose) anormal mais une HGPO (100g) normale, de 26.1 (22.4 – 30.1) pour 10 000 personnes/année chez les femmes ayant une valeur anormale au cours de l’HGPO et de 71.9 (66.0 – 78.3) pour 10 000 personnes/année chez les femmes ayant un diabète gestationnel. Après ajustement pour les caractéristiques socio-démographiques, l’IMC à l’adolescence et l’âge au moment du dépistage gestationnel, le risque de diabète de type 2 était supérieur en comparaison à la normoglycémie gestationnelle chez les femmes ayant un dépistage anormal et une HGPO normale (hazard ratio ajusté = 3.39 ; 2.77 – 4.16 ; p < 0.0001), chez les femmes ayant une valeur anormale de l’HGPO (HR ajusté = 9.11 ; 7.64 – 10.86 ; p < 0.0001) et chez les femmes qui avaient un diabète gestationnel (HR ajusté = 24.84 ; 21.78 – 28.34 ; p < 0.0001). Le risque de diabète de type 2 était modérément augmenté chez les femmes ayant une glycémie à jeun anormale isolée (HR ajusté = 11.81 ; 8.58 – 16.25 ; p < 0.0001) ou chez les femmes qui avaient un diabète gestationnel et une glycémie à jeun anormale (38 ; 32.41 – 44.61 ; p < 0.0001). En conclusion, l’intolérance au glucose pendant la grossesse, en particulier les anomalies de la tolérance au glucose qui ne répondent pas aux critères de diabète gestationnel dans une stratégie en 2 étapes, confère un risque élevé de diabète de type 2 au cours de l’âge adulte jeune. Il faut donc également prendre en considération ces facteurs de risque de diabète de type 2, particulièrement chez les femmes qui ont des glycémies à jeun anormales au cours de la grossesse.

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