Hyperaldostéronisme primaire : la variabilité des dosages d’aldostérone et de rénine oblige à les répéter lors du dépistage

16/01/2023 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
Les dosages d’aldostérone, de rénine et le rapport aldostérone/rénine sont utilisés pour rechercher un hyperaldostéronisme primaire chez les patients ayant une hypertension artérielle.

La variabilité intra-individuelle importante de la concentration d’aldostérone et du rapport aldostérone/rénine lorsqu’on utilise l’activité rénine plasmatique (ARP) pour calculer le rapport aldostérone/rénine dans un contexte de traitement antihypertenseur habituel est bien connue mais on ne dispose pas de données sur la variabilité du rapport aldostérone/rénine quand celui-ci est calculé à partir de la concentration directe de la rénine active (et non pas de l’ARP), comme cela est d’ailleurs le cas en France. Une étude rétrospective australienne répond à cette question en décrivant la variabilité intra-individuelle de l’aldostérone, de la rénine et du rapport aldostérone/rénine en l’absence de traitement interférent chez des patients ayant ou non un hyperaldostéronisme primaire. Il s’agissait de patients hypertendus adressés pour recherche d’un hyperaldostéronisme primaire et qui avaient disposé d’au moins 2 mesures du rapport aldostérone/rénine, sans traitement interférent, dans un service d’hypertension endocrine entre mai 2017 et juillet 2021. Deux-cent vingt deux patients (55 % de femmes, d’âge médian 52 ans) dont 162 chez lesquels le diagnostic d’hyperaldostéronisme primaire a été confirmé ont été étudiés. Une variabilité importante avec un coefficient de variation de 22 à 25 % dans la mesure de l’aldostérone et de 41 % à 42 % dans la mesure de la rénine et du rapport aldostérone/rénine a été observée aussi bien dans le groupe hyperaldostéronisme primaire que dans le groupe sans hyperaldostéronisme primaire. Le degré de variabilité était supérieur au coefficient de variation analytique du dosage. Chez 62 (38 %) des 122 patients pour lesquels le diagnostic d’hyperaldostéronisme primaire a été retenu, au moins 1 mesure du rapport aldostérone/rénine était < 70 pmmol/l/mU/l (2.4 ng/dl/mU/l) qui est le seuil retenu pour le dépistage de l’hyperaldostéronisme primaire. En conclusion, une variabilité individuelle significative du dosage d’aldostérone, de rénine active et donc du rapport aldostérone/rénine est observée dans une proportion importante de patients analysés pour recherche d’un hyperaldostéronisme primaire. Ceci justifie donc de disposer d’au moins deux mesures du rapport aldostérone/rénine avant d’exclure ou d’analyser plus avant la recherche d’un hyperaldostéronisme primaire.

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