Maladie de Basedow : prédire les manifestations extra-thyroïdiennes

05/07/2019 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
La présence d’auto-anticorps anti-récepteurs de la TSH est un biomarqueur de la maladie de Basedow. Afin de faire la différence entre les maladies de Basedow avec atteinte thyroïdienne seule ou les maladies de Basedow avec orbitopathie basedowienne, une étude de suivi a été mise en place dans des centres académiques prenant en charge ces patients en Allemagne et aux Etats-Unis.

Soixante patients ayant une maladie de Basedow, avec ou sans orbitopathie, et témoins ont eu une analyse des anticorps anti-récepteurs de la TSH avec 6 dosages automatisés, un ELISA et des dosages analysant les effets cellulaires. Tous les échantillons de patients ayant une maladie de Basedow (avec et sans orbitopathie), hyperthyroïdiens et non traités étaient positifs pour les anticorps anti-récepteurs de la TSH avec les 6 dosages mais devenaient négatifs après une dilution de 1/9 dans 4 des 6 dosages. En revanche, tous les échantillons non dilués de patients ayant une maladie de Basedow avec orbitopathie restaient positifs jusqu’à une dilution de 1/81 (p < 0.001). A dilution encore plus élevée (1/243, 1/729, 1/2187 et 1/6561), le taux de positivité des anticorps anti-récepteurs de la TSH dans le bio-essai chez les patients ayant une maladie de Basedow avec orbitopathie était de 75 %, 35 %, 5 % et 0 % respectivement (p < 0.001). Les 4 dosages ELISA et/ou les dosages automatiques confirmaient cette différence marquée de la détection des anticorps anti-récepteurs de la TSH entre les patients ayant une maladie de Basedow thyroïdienne et les maladies de Basedow avec orbitopathie. En revanche, il y avait un chevauchement dans les taux d’anticorps anti-récepteurs de la TSH pour les échantillons non dilués des maladies de Basedow avec ou sans orbitopathie. Dans les 12 mois suivant le traitement par méthimazole, les échantillons provenant de patients euthyroïdiens ayant une maladie de Basedow avec orbitopathie gardaient des anticorps anti-récepteurs de la TSH positifs lorsqu’ils étaient étudiés à haute dilution (1/243). En revanche, tous les échantillons des patients ayant une maladie de Basedow thyroïdienne simple étaient déjà négatifs à la dilution de 1/3. Un patient ayant une maladie de Basedow purement thyroïdienne avec une positivité des anticorps anti-récepteurs de la TSH à la dilution de 1/729 a développé une orbitopathie ultérieure. En conclusion, les titres d’anticorps anti-récepteurs de la TSH déterminés par les analyses de dilution permettent de différencier de manière significative les patients ayant une maladie de Basedow thyroïdienne simple et les patients ayant une maladie de Basedow avec orbitopathie. Sans cette technique, il est difficile de faire la différence entre des patients qui ont une maladie de Basedow simple ou une maladie de Basedow avec potentielle orbitopathie. En revanche, la détection persistante des anticorps anti-récepteurs de la TSH après dilution permet de faire la différence entre les deux formes. Ces analyses de dilution pourraient donc être utiles d’un point de vue clinique pour différencier les différents phénotypes de maladies de Basedow, et en particulier pour prédire les patients qui vont développer des manifestations extra-thyroïdiennes de leur maladie de Basedow.

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