Cancer prostatique : la rééducation pour limiter les troubles sexuels post-traitement

27/02/2019 Par Marielle Ammouche
Urologie
Depuis quelques années, l’oncosexologie prend de l’ampleur en urologie. Et malgré le nombre encore faible de centres de lutte contre le cancer proposant une consultation de sexologie, cette discipline, officialisée depuis peu, est au cœur des préoccupations.

"Nous sommes directement concernés. D’une part, nous générons des troubles sexuels lorsque nous traitons certains cancers urologiques, et d’autre part, nous sommes spécialisés dans la prise en charge de ces troubles", admet le Pr Stéphane Droupy (CHU de Nîmes).   Les différents traitements pour les tumeurs prostatiques en particuluier cancéreuses, que ce soit la prostatectomie chirurgicale (20 000 interventions par an), la radiothérapie, ou encore la castration chimique, sont en effet de grands pourvoyeurs de ces troubles chez l’homme. L’exérèse de la tumeur (ou sa destruction par radiothérapie) risque, en effet, d’entraîner des altérations de l’innervation, de la vascularisation voire de l’organe lui-même. Mais il est possible d’éviter ou réduire ces troubles. Tout d’abord, au cours des dernières décennies, les interventions ont été de moins en moins radicales, visant à préserver au mieux les bandelettes vasculo-nerveuses. Des radiothérapies et chimiothérapies néo-adjuvantes ont également été utilisées pour faire régresser la tumeur avant l’intervention afin que le geste chirurgical soit le moins délabrant possible. Et des traitements focaux sont apparus.   Une rééducation active ou passive En outre, de nouvelles stratégies thérapeutiques, post-intervention ont vu le jour. Ainsi, "chez le patient fraîchement opéré ou ayant subi une radiothérapie susceptible de provoquer une dysfonction érectile, on propose une rééducation. Juste après l’intervention, ou dans les semaines qui suivent, nous mettons en place un traitement per os pour stimuler le retour des érections", détaille Stéphane Droupy. Cette approche est préconisée même lorsque le patient n’en exprime pas la demande. "Nous lui expliquons que ses chances de retrouver une sexualité épanouissante dans six mois ou dans un an (quand il se sentira plus en forme) seront bien meilleures si on s’y intéresse dès maintenant." Deux types de rééducation sont possibles La rééducation passive consiste à prendre quotidiennement un comprimé de Tadalafil (seul traitement ayant une AMM pour cette indication). "Le médicament vise à favoriser les érections nocturnes réflexes, qui vont réoxygéner les corps caverneux", explique l’AFU. Si le traitement ne fonctionne pas – ou pas assez –, il est possible de proposer un autre dosage ou un autre médicament de la classe de IPDE5. Par ailleurs, la rééducation active concerne les patients désireux de retrouver au plus tôt une érection de qualité. Différentes thérapeutiques peuvent être utilisées : médicament per os, prostaglandines en injection intracaverneuse ou sous forme de gel, vacuum (pompe à vide)… "La récupération est possible dans les deux années qui suivent l’intervention. L’expérience montre que même si les résultats sont décevants au début, on peut espérer une restauration progressive des performances sexuelles." Et pour ceux qui ne récupèrent aucune érection ? "Lorsque la préservation nerveuse n’a pas été efficace ou n’a pas été faite, nous pouvons proposer des implants péniens", ajoute Stéphane Droupy. Ces implants qui se gonflent à la demande permettent de maintenir une rigidité suffisante pour des rapports de qualité.  Envions 700 implants sont posés chaque année en France.     Les ondes de choc, un nouveau traitement pour la dysfonction érectile Découvert par l’urologue israélien Yoram Vardi, le traitement des dysfonctions érectiles (DE) par ondes de choc de faible intensité semble prometteur. L’équipe du Pr Stéphane Droupy a coordonné il y a 3 ans une étude pour valider cette approche (Shock-ED). Il s’apprête aujourd’hui à tester les ondes de choc pour les DE survenant après chirurgie de la prostate.  Enfin, les traitements apparaissent  plus difficile chez les patients castrés chimiquement. Néanmoins, des aides et un accompagnement sont possibles. Des thérapeutiques orales, locales, les injections intra-caverneuses de prostaglandines ou les implants peuvent être utilisés. Et une sexothérapie peur s’avérer utile dans ce cas.

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