Intérêt des ondes de choc contre la dysfonction érectile
"On sait depuis quelques années que l’utilisation d’ondes de choc peut avoir un effet trophique au niveau cardiaque. Des ondes de choc sont également employées en médecine vasculaire dans des retards de cicatrisation après ulcère artériel, pour le traitement d’escarres, en orthopédie, pour soulager des tendinopathies", signale le Dr Ludovic Ferretti (CHU de Bordeaux). A la suite de travaux développés depuis plus d’une dizaine d’années par l’équipe israélienne du Dr Yoram Vardi au centre médical Rambam de Haïfa, ce traitement physique a également été développé pour améliorer la fonction érectile. Une étude randomisée, conduite chez 67 patients contre procédure fictive, en a attesté l’efficacité. Les premiers résultats ont mis en évidence une augmentation significative, après 12 séances d’ondes de choc, du score d’érection Iief* (+ 6,7 contre seulement 3,0 pour le groupe témoin, p =0,03) avec, de plus, une amélioration du flux sanguin pénien (1).
Une méta-analyse de 14 études conduites sur 833 patients entre 2005 et 2015, dont 7 randomisées contre placebo, a par la suite confirmé que ce traitement a effectivement une certaine activité, mais essentiellement dans des dysfonctions érectiles d’intensité légère (score Iief supérieur à 17) (2). L’effet apparaît après 3 mois et semble persister 2 ans. Mais on peut reprendre les séances d’ondes de choc ensuite. "Proposé par quelques centres en France, mais à ce jour encore non remboursé, ce traitement consiste en général à délivrer sur 6 zones au niveau de la verge une énergie de 0,09 mJ/mm2", précise le Dr Ferretti. Les mécanismes d’action ne sont pas encore tous connus. Mais, les microtraumatismes provoqués par les ondes de choc pourraient entraîner la production de facteurs de croissance comme le Vegf ; ce qui activerait la régénération tissulaire. "En général, 2 séances sont proposées par semaine pendant 3 semaines. Les ondes de choc sont ressenties par le malade, sans entraîner véritablement une sensation douloureuse. Il n’a pas été décrit jusqu’ici d’effet secondaire." Les urologues français espèrent que ce traitement, apparemment sans risque, pourra être utilisé pour améliorer la prise en charge des dysfonctions érectiles. Pour en valider l’efficacité, une étude randomisée multicentrique contre placebo, Shock ED, vient d’être mise en place, à l’initiative du Pr Stéphane Droupy, responsable du comité scientifique de l’AFU (CHU de Nîmes) ; 154 patients sont ainsi recrutés pour cet essai mené dans le cadre d’un protocole hospitalier de recherche clinique (PHRC). *International Index of Erectile Function
- Vardi Y, et al. J Urol. 2012;187(5):1769-75.
- Lu Z, et al. Eur Urol. 2017;71(2):223-233.
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