Numéro unique : la bonne idée qui tourmente SOS et le SAMU

23/07/2014 Par Sandy Berrebi-Bonin
Système de santé

Pour simplifier la vie des patients, le gouvernement envisage de mettre en place un numéro unique dédié à la permanence des soins ambulatoires. Une idée qui fait l'unanimité en façade mais qui divise dès lors que l'on s'y approche de plus près.   Dans 70% des départements, il faut composer le 15 pour joindre un médecin en dehors des horaires de consultation, mais en Lorraine, c’est le 0820332020, en Franche-Comté le 3966. Les associations de SOS médecins sont, elles, joignables au 3624...   Avoir un numéro unique à 4 chiffres, différent de celui de SOS   "Globalement c’est illisible pour l’usager, si vous partez dans les Landes en vacances, vous ne savez pas si vous devez composer un numéro à 4 chiffres, à 10 chiffres, le 15, vous ne savez même pas où trouver ce numéro, donc vous finissez par faire le 15 parce que l’hôpital est le seul endroit où la lumière est allumée 24h/24h, 365 jours par an", résume Luc Duquesnel de l’Unof-CSMF, avant d'ajouter "ce numéro est une demande de l'Unof d'avoir un numéro unique à 4 chiffres, différent de celui de SOS. Il ne s'agit pas de mettre SOS Médecin en difficulté. Nous aimerions simplement que partout en France, les patients puissent composer un numéro simple comme le 33 33 afin de faciliter la lisibilité de la permanence des soins". Une demande qui semble avoir été entendue par le ministère. Pour "permettre aux Français de...[ pagebreak ] savoir à quelle porte frapper", Marisol Touraine a annoncé le 19 juin dernier, dans le cadre de la future loi santé, la création d’un numéro d’appel unique pour la garde en ville, qui sera "le repère dans l’accès aux soins".   101 numéros uniques   Une idée que ne conteste ni SOS Médecins, ni le Samu, bien qu'ils aient posé leurs conditions. "Nous regrettons que la mise en place de ce numéro n'ait pas été faite en concertation avec les structures de SOS. Aujourd'hui, SOS couvre 60% de la population française. Notre numéro, le 36 24, donne satisfaction. Il ne faudrait pas que le gouvernement se mette à détricoter les solutions existantes" avertit le Dr Serge Smadja, secrétaire général de SOS Médecin et président de SOS Médecin Paris. D'autant que le praticien a du mal à comprendre le projet de la ministre. "Elle a parlé d'un numéro unique, or il y a déjà le 15 et il y aurait un numéro unique par département, donc au moins 101 numéros uniques" s'amuse-t-il. Le ministère est récemment entré en contact avec SOS. Il a été assuré à l'organisation que "le numéro de SOS allait être préservé dans le texte de loi". "Des propos rassurants" concède le Dr Smadja qui assure néanmoins rester "vigilant sur ce dossier". "Nous ne sommes pas opposé à un numéro de PDS en parallèle à celui de SOS si cela peut améliorer la lisibilité mais ce numéro ne doit pas être unique, sinon...[ pagebreak ] il y aura un conflit. Nous attendons de voir comment ces deux numéros pourront cohabiter, tout cela a besoin d'être précisé" prévient-il. Du côté du Samu, ce n'est pas le numéro qui pose problème mais la plateforme où atterrira l'appel. "Ce qui essentiel, c'est la qualité de prise en charge du patient et notamment du patient grave" estime le Dr François Braun, président du Samu de France. Car selon lui, dans deux tiers des départements, c'est le 15 qui est utilisé dans le cadre de la permanence des soins, et cela "fonctionne très bien".   L'important est que les appels arrivent au même endroit   Pourtant, la différence entre le 15 et le futur numéro unique résidera dans la gravité de l'urgence. Fièvre d'enfants ou grippe, le futur numéro national de la PDSA ne concernera pas les urgences vitales ou graves, mais les patients pourront se faire soigner les soirs, les week-ends ou encore les jours fériés beaucoup plus facilement. "Ce qui est important, c'est la notion de centre d'appel d'urgences médicales, car il n'est pas toujours facile pour les patients de savoir s'il s'agit d'une urgence grave ou non, constate le Dr Braun. L'importance qu'il s'agisse d'un ou de plusieurs numéro est que les appels arrivent au même endroit et pour cela il faut un nombre suffisant d'assistants de régulation afin que 99% des appels soient décrochés en moins d'une minute". Pour le moment, rien n'est encore officiellement acté du côté du ministère, d'où le peu de communication de sa part. Le futur projet de loi santé sera présenté à la rentrée en conseil des ministres avant un vote prévu en début d'année prochaine. En attendant, les négociations sont en cours…

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