Fin 2019, l’Assemblée nationale donnait son feu vert à l’expérimentation du cannabis comme antidouleur. Après plus d’un an de mise à l’arrêt, Covid-19 oblige,un premier patient était inclus le 26 mars au CHU de Clermont-Ferrand. Fin septembre, l’expérimentation comptait 638 participants - pour 3 000 attendus -, prenant divers dosages de cannabidiol (CBD) et de tétrahydrocannabinol (THC) sous forme inhalée ou orale.
D’une durée de deux ans, l’expérimentation prendra fin en mars 2023. Le premier bilan dressé par l’agence révèle "énormément de retours positifs de la part des patients et des professionnels de santé", indique Nathalie Richard, directrice du projet à l’ANSM. A l’inverse, 129 patients se sont retirés en raison d’effets indésirables (euphorie, insomnie, baisse de libido, infections gastro-intestinales, etc.) ou d’une faible efficacité, ce que Nathalie Richard juge "tout à fait normal pour un médicament".
Du fait de l’interdiction qui frappe le cannabis, l’expérimentation fait l’objet d’un encadrement strict. Elle est ouverte aux patients dont la douleur est insuffisamment soulagée par les thérapeutiques accessibles, ou les tolérant mal. Cinq indications ont été retenues : douleurs neuropathiques, certaines formes d’épilepsie sévères, symptômes rebelles en oncologie, situations palliatives, spasticité douloureuse dans la sclérose en plaques ou d’autres pathologies du système nerveux central.
Peu de suivis mixtes ville-hôpital
Les patients intègrent l’essai selon deux canaux. Ils peuvent être inclus par l’un des plus de 200 services hospitaliers engagés dans l’essai. Autre possibilité, ils en font la demande à leur généraliste, qui les oriente vers l’une de ces structures. Le suivi et le renouvellement mensuel des ordonnances peuvent s’effectuer en ville ou à l’hôpital, uniquement par des médecins ayant suivi une formation de l’ANSM. L’agence distingue les consultations simples (ville ou hôpital) des consultations longues (seulement à l’hôpital).
A ce jour, le suivi hospitalier l’emporte de loin : seuls "14% à 15%" des patients ont désigné un généraliste pour leur suivi, alors que "la moitié" ont indiqué un pharmacien d’officine, observe Nathalie Richard. Fin septembre, seuls 53 généralistes étaient inscrits, dont 36 formés. Principale raison de cette réticence, une formation jugée trop longue.
Désormais raccourcie d’une heure pour la ramener à deux heures et demie, plusieurs de ses modules sont devenus facultatifs –ceux relatifs à la prescription et à la délivrance demeurent obligatoires. Si l’expérimentation repose sur le volontariat, l’ANSM souhaite impliquer plus de généralistes, et prévoit de "plus communiquer" dans leur direction, a expliqué sa directrice générale adjointe Caroline Semaille.
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