Un nouveau PAI devrait être mis en place très prochainement, et remplacer le précédent qui s’appuyait sur une circulaire datant de 2003. "Son rôle est important dans les allergies alimentaires, lesquelles concernent 6 à 8 % des enfants, et sont le premier facteur d’anaphylaxie, en particulier chez les plus jeunes", a rappelé le Dr Guillaume Pouessel, pédiatre au centre hospitalier de Roubaix. Il faut encore abaisser la mortalité, même si le nombre de décès par anaphylaxie est relativement faible chez l’enfant (18 décès, en médiane chez des jeunes de 15 ans, répertoriés entre 2002 et 2018 par le réseau d’allergovigilance et le service CépiDc de l’Inserm, dont 4 en milieu scolaire, sur 1960 cas d’anaphylaxie alimentaire). Actuellement, "l’allergie alimentaire est le 2e motif de demande de PAI (après l’asthme) et 50 000 PAI sont mis en place chaque année pour ce motif, dont la moitié par des médecins généralistes", a indiqué le Dr Pouessel. 8 à 20 % des anaphylaxies de l’enfant semblent survenir en milieu scolaire, le plus souvent à la cantine. La difficulté pour les prévenir est que, comme l’a mis en évidence une enquête conduite sur 105 cas, "près de la moitié des enfants n’étaient pas connus comme allergiques". "A la différence de ce qui se passe aux États-Unis où les allergies à l’arachide prédominent, ce qui permet de créer des écoles sans arachide, les allergènes responsables sont de plus extrêmement divers en France : lait de vache, et de plus en plus de chèvre et de brebis, fruits à coques, lupin, quinoa…." Le nouveau PAI devrait s’appliquer au milieu scolaire, mais aussi périscolaire, et proposer une seule conduite à tenir nationale en cas d’allergie alimentaire, alors "que les attitudes adoptées étaient auparavant très différentes selon les établissements". Ce qui va clarifier les informations délivrées. Le personnel scolaire et périscolaire (de cantine notamment) devrait, par ailleurs, être mieux formé. Ce PAI comportera une fiche d’information détaillant les signes d’anaphylaxie (sifflements, toux, vomissements…) et les gestes à adopter alors allonger l’enfant ou le laisser assis en cas de gêne respiratoire, injecter rapidement l’adrénaline en intramusculaire puis appeler le SAMU (en cas de gêne respiratoire, associer de la Ventoline), répéter l’injection d’adrénaline en cas de non réponse dans les 10 minutes, en cas de signes cutanéo-muqueux ou ORL isolés administrer dans un premier temps un anti-histaminique mais passer à l’adrénaline en cas d’aggravation secondaire. Les enfants pourront porter leur trousse d’urgence sur eux, "ce qui n’est pas le cas actuellement". La stratégie à suivre chez les enfants non connus allergiques développant une anaphylaxie sera aussi précisée, et des stocks d’adrénaline pourraient être mis en place à l’école. Enfin, pour faciliter la tâche des médecins prescripteurs de PAI, une fiche de liaison avec le médecin de l’Éducation nationale est prévue, de même qu’un guide explicatif pour la rédaction du PAI. La prévention des allergies alimentaires en milieu scolaire et périscolaire (cantine, sorties…) doit en tout cas être améliorée, car les enquêtes ont révélé que certains enfants avec des antécédents d’anaphylaxie n’ont pas de trousse d’urgence, et que même lorsqu’elle est disponible, l’adrénaline n’est pas toujours injectée "souvent par méconnaissance". Une étude, effectuée dans le département du Nord à partir des PAI pour allergie alimentaire, a également montré que le contenu des trousses est très hétérogène ("ce qui va donc nécessiter d’harmoniser leur contenu"). Et, la moitié d’entre elles "sont sous clef", dans l’infirmerie, donc souvent inaccessibles. Une enquête sera réalisée en septembre 2019 par l’Éducation nationale sur les accidents de santé en milieu scolaire, notamment les réactions allergiques. On devrait donc en savoir plus prochainement sur les visages de la maladie allergique en milieu scolaire.
"Le PAI, dont l’utilisation est sous la responsabilité du chef d’établissement, est applicable dans tous les établissements publics dépendant de l’Éducation nationale et sert de référence pour les autres collectivités où les enfants sont pris en charge : crèches, haltes-garderies, centres de loisir et d’hébergement."
C’est aux parents de faire la demande de PAI. Le rôle du médecin prescripteur est de confirmer le diagnostic d’allergie alimentaire, de rédiger le protocole d’urgence avec et sans trousse, les préconisations à suivre pour les repas (l’allergène en cause est-il sur la liste des 14 allergènes à déclaration obligatoire en restauration scolaire? peut-il être consommé cuit ?), afin de mettre en place un PAI si l’allergie le nécessite. Le texte du PAI sera validé (après modifications éventuelles) par le médecin de l’Éducation nationale.
"La Société française d’allergologie considère qu’un PAI avec trousse contenant de l’adrénaline doit être mis en place en cas d’antécédent d’anaphylaxie alimentaire, d’anaphylaxie induite par l’exercice, d’anaphylaxie idiopathique, d’allergie alimentaire associée à un asthme, ou lorsque deux facteurs de risque ou plus sont présents : éloignement géographique, réaction à une faible dose d’allergène, allergies alimentaires multiples, allergie alimentaire chez un adolescent, chez lequel la mortalité par anaphylaxie est plus élevée pour des raisons encore inexpliquées."
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