Les études E3N et Wamif apportent de premières données qui permettent d’en savoir plus sur les caractéristiques et déterminants des accidents cardiovasculaires chez les femmes – et en particulier les femmes jeunes – de façon à mieux les prendre en charge et les prévenir. En France, les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité chez les femmes, bien avant le cancer, entrainant environ 200 morts par jour. En outre, leur incidence est en augmentation, en particulier le nombre d’infarctus du myocarde (IDM) est en forte progression chez les femmes jeunes, en rapport avec la hausse des facteurs de risque et des mauvaises habitudes de vie (obésité, diabète, stress, activité physique insuffisante, alimentation peu équilibrée, tabac, alcool). C’est pourquoi la Fédération française de cardiologie (FFC) soutient plusieurs programmes de recherche, tels que les cohortes E3N et Wamif, qui visent à mieux comprendre les spécificités féminines biologiques et cliniques des maladies cardiovasculaires et ainsi améliorer leur prise en charge. De premiers résultats de ces recherches sont déjà dévoilés. Des facteurs de risques mieux connus Ainsi, l’étude épidémiologique auprès de femmes de l’Éducation nationale MGEN (E3N) a pour objectif de créer un score de risque pour anticiper l’accident cardiaque chez la femme. Pour cela, une vaste cohorte de près de 100.000 femmes nées entre 1925 et 1950 a été constituée en 1990. Les premiers résultats de l’étude E3N-cardiovasculaire révèlent plusieurs facteurs de risque. En premier lieu, la ménopause précoce, avant 45 ans, qui est associée à une augmentation de 66% du risque d’évènements coronariens sévères. E3N confirme, par ailleurs, que l’hypertension artérielle (HTA) est un facteur de risque d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) et d’événements coronariens, lui-même influencé par des facteurs hormonaux et nutritionnels : l’hystérectomie (augmentation de 13% du risque d’HTA), l’endométriose (+17%), les fibromes utérins (+15%), les migraines (+55 %). Les facteurs nutritionnels sont constitués par : une grande consommation d’oeufs ou de fromages industriels, les aliments pro-inflammatoires, tels que les glucides raffinés (pain blanc, pâtisseries), les aliments frits, les boissons gazeuses ou sucrées, la viande rouge ou transformée (hot-dogs, saucisses), la margarine et le saindoux. "En revanche, bonne nouvelle, la consommation modérée de chocolat noir nature diminue ce risque !" souligne la FFC.
IDM chez la femme jeune : importance du stress Autre programme soutenu par la FFC, l’étude française Young Women Presenting Acute Myocardial Infarction in France (Wamif), qui a pour objectif de mieux connaitre les caractéristiques cliniques, morphologiques...
et biologiques associées aux IDM des femmes jeunes (18 et 50 ans). Cette étude a inclus 314 patientes d’une moyenne d’âge de 43 ans dans 28 centres en France. L’objectif final de ce projet est de donner des clés aux professionnels de santé pour mieux estimer les facteurs de risque prédisposant de leurs patientes et leur proposer une prise en charge et un suivi adaptés, mais aussi, éventuellement, donner des pistes pour leur dépistage. Dans cette étude, 33% des patientes avaient moins de 35 ans ; et concernant les facteurs de risque, 75% étaient fumeuses, 59% en surpoids ou obèses, 26% avaient eu des grossesses compliquées (prééclampsie, diabète gestationnel, hypertension…), 31,5% étaient sous contraception hormonale et 15% étaient déjà ménopausées. En outre, 55% des patientes victimes d’un IDM avaient vécu en amont de l’événement, un stress émotionnel. Sur le plan sémiologique et morphologique, 90% des participantes ont ressenti une douleur dans la poitrine typique au moment de l'infarctus, et 34 % des patientes avaient présenté des symptômes d'alerte dans les jours précédents. 192 patientes (61%) ont souffert d’une forme d’ischémie dite Stemi (ST+), soit la forme la plus grave du syndrome coronarien aigu, rappelle la FFC. 122 patientes ont été touchées par une forme d’ischémie nonStemi. 17% des participantes ont présenté une dissection aiguë et spontanée des artères coronaires, le plus souvent causée par le stress, et 30% avaient des lésions multiples sur leurs coronaires malgré leur jeune âge. "Ces 10 dernières années, la Fédération française de cardiologie a financé 343 projets de recherche. En 2020, nous en avons soutenu 52 pour un montant de 3,1 millions d’euros. Nous sommes fiers de soutenir des programmes spécifiques innovants sur la santé cardiovasculaire des femmes qui sont malheureusement sous-représentées dans les programmes de recherche. Ces maladies sont en constante progression chez les femmes. Nous nous devons de lutter aux côtés des chercheurs qui se mobilisent et dont le travail joue un rôle capital dans la prévention et l’amélioration de la prise en charge", ajoute le Pr Alain Furber, président de la FFC.
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