Fermetures, licenciements... Gérés par la Sécu, ces deux centres de santé parisiens sont en déficit
Plus de radio, plus de kiné, plus d'infirmière, plus d'orthoptiste… A Paris, la caisse régionale d'Assurance maladie Ile-de-France a décidé de fermer plusieurs services au sein des centres de santé polyvalents Stalingrad et Réaumur, dont elle a la gestion. Une pétition, lancée par un collectif, a déjà récolté plus de 1.140 signatures.
Ils sont "usagers", "patients", "professionnels de santé" ou de simples "citoyens concernés". Regroupés sous la bannière du Collectif de défense des centres de santé de la Sécurité sociale de Paris, ils ont lancé une pétition (1.141 signatures à ce jour) pour dire "non" à la décision de la caisse régionale d'Assurance maladie Ile-de-France de fermer "le service de kinésithérapie, de radiologie, d'infirmerie, d'orthoptie et de certaines spécialités médicales du Centre médical Stalingrad et du service radiologie du Centre médical Réaumur", précisent-ils.
Ces deux centres de santé polyvalents parisiens sont dans la tourmente depuis fin 2024. En cause : la suppression annoncée de nombreux postes d'ici mi-2025 – dont des radiologues, kinés, rhumatologues, diabétologues, endocrinologues, ophtalmo et orthoptistes, précisait Le Parisien en décembre dernier – et un "projet de réorganisation" faisant suite à un audit financier réalisé par la caisse régionale qui a révélé "un déficit de 1.7 million d'euros" pour le centre Stalingrad.
"Ces services, d'une grande importance pour la santé et le bien-être de nombreux habitants du quartier et des environs, joue un rôle essentiel dans le suivi de nombreux patients souffrant de pathologies diverses, qu'ils s'agissent de rééducation, de soins post-opératoires, de prise en charge de douleurs chroniques, ou de prévention de troubles musculosquelettiques", assurent les signataires de la pétition, qui a reçu plus de 300 commentaires.
À l'instar de Philippe*, médecin généraliste, qui estime que "la santé publique n’est pas qu’une question comptable" : "Lorsque l’on déboulonne un réseau, c’est un désastre pour la santé publique, et les coûts sont répercutés décuplés ailleurs, notamment aux urgences et dans les services hospitaliers." Un risque de désertification en santé, que relèvent d'ailleurs plusieurs commentateurs : "Je signe parce que ces fermetures impliquent des licenciements et privent les patients de soins de qualité à tarif raisonnable. À l’heure où trouver un médecin traitant est un parcours de combattant, fermer ces services est une aberration !", lance ainsi Martine.
"Alors que l’hôpital public est à l’agonie, que les habitants les plus fragiles payent le prix le plus fort de la politique de désengagement du service public, quel est le sens de cette nouvelle annonce de fermeture ?", s'interroge Blaise. Alors que Sabrina se dit "scandalisée" par "cette fermeture éclair qui surprend autant le personnel que les patients ! : "Je trouve ça dommage et scandaleux qu'un grand organisme comme la Cramif 'mette à la rue' des professionnels aussi dévoués et attentionnés sans aucun scrupule ni compromis ! Le nombre de personnes âgées, malades, souffrantes qui se retrouvent dépourvu de professionnels (…) et qui pour certains sont leur seul contact social. Je suis horrifiée et révoltée par cette décision incongrue et apporte à 1000 % mon soutien à tout ce beau personnel qui nous fait tant du bien."
Marie a, quant à elle, une histoire plus personnelle avec le centre de santé Stalingrad : "Je dois la vie au centre de radiologie qui, au début de l’automne 2014, a dépisté mon cancer du sein à un stade bien avancé alors que j’étais bien jeune. Je garde un souvenir ému de la radiologue en chef ainsi qu’une profonde gratitude pour une femme extraordinaire qui a su m’éclairer. Ce médecin professionnel et humain avait une culture de la médecine en voie d’extinction. Il y a de grands professionnels dans ces centres qui sont l’honneur de leur profession (…) Ces centres gagneraient à une meilleure publicité et devraient être développés au lieu de souffrir de sous-investissement et d’être menacés de fermeture. Je préférerais de loin que mes impôts et cotisations les financent à bien d’autres choix abscons ! Si vous avez vraiment à cœur une politique publique de la santé, gardez les ouverts. En cette période de pénurie de professionnels de santé, ils sont un véritable atout que le bon sens voudrait qu’on choie plutôt que de les détruire de façon éhontée."
* Seuls les prénoms sont mis en avant sur leslignesbougent.org
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