Le Québec veut obliger les médecins à exercer cinq ans dans le public à la fin de leurs études
Le ministre de la Santé québécois a déposé, début décembre, un projet de loi visant à contraindre les jeunes médecins formés dans la province canadienne à exercer pendant cinq ans dans le public à la fin de leurs études. Cette obligation concernerait les généralistes comme les spécialistes, sous peine de lourdes amendes.
Travailler cinq ans dans le public à la sortie de leurs études ? C'est ce qui semble attendre les médecins formés au Québec, quelle que soit leur spécialité. Un projet de loi a, en effet, été déposé par le ministre de la Santé de la province canadienne le 3 décembre. L'objectif est de "favoriser l'exercice de la médecine au sein du réseau public de la santé et des services sociaux", en obligeant "tout nouveau médecin à participer pendant cinq ans au régime public […] avant de pouvoir devenir un professionnel non participant exerçant sa profession en dehors des cadres du régime", peut-on lire, en préambule de ce texte.
Le projet de loi prévoit que les étudiants et résidents en médecine devront signer, avant le début de leur formation, "un engagement à exercer la médecine au Québec" à la fin de leur cursus. En l'absence de respect de cette obligation, des pénalités financières s'appliqueront ; elles pourront varier de 20 000 à 100 000 dollars canadiens (soit entre près de 13 400 et 67 000 euros) "par jour et par acte". En cas de récidive, cette amende pourra atteindre les 200 000 dollars canadiens (soit près de 134 000 euros), précise le projet de loi.
Déposé mardi 3 décembre, ce texte doit être étudié en 2025, indique le média Radio Canada.
Ce souhait de restreindre l'accès au privé aux jeunes médecins n'est pas une nouveauté au Québec. Le Premier ministre de la province, François Legault, s'y était déjà montré favorable au début des années 2000, alors qu'il était ministre de l'Education, rappellent nos confrères de Radio Canada. Actuellement, 775 des 22 479 médecins du Québec travaillent exclusivement dans le privé. Il s'agit d'une hausse de 70 % depuis 2020, selon le ministère de la Santé et des Services sociaux.
Après le dépôt de ce projet de loi, la Fédération des médecins résidents et résidentes du Québec (FMRQ) s'est dit "inquiète des nouvelles contraintes que le Gouvernement du Québec" souhaite "imposer aux médecins en début de pratique". "Nous allons analyser le projet de loi et, notamment, la légalité de toute disposition potentiellement discriminatoire qui viserait particulièrement les jeunes médecins", a déclaré son président, le Dr Ghassen Soufi, dans un communiqué. "100% de nos membres pratiquent dans le système public québécois, a-t-il ajouté. Si une infime minorité d’entre eux ne peuvent poursuivre leur carrière au sein de ce système, il vaudrait mieux chercher à en comprendre les raisons plutôt que de pénaliser deux fois des personnes qui n’auraient pas réussi à y trouver un poste."
De son côté, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) a indiqué vouloir analyser "en profondeur" ce projet de loi, "avant de le commenter publiquement". Si elle souhaite un "système de santé public fort, accessible et universel", l'organisation remet en question "l'ajout de contraintes supplémentaires" dans un contexte de pénurie, a-t-elle insisté, dans un communiqué.
[avec Radio Canada, Le Journal de Québec et Le Devoir]
La sélection de la rédaction
Rémunération, attractivité, conditions d'exercice... la consultation à 30 euros va-t-elle changer la donne?
M A G
Non
Ce simple rattrapage de l'inflation ( et encore, de l'inflation officielle) ne peut pas, par nature, changer quoi que ce soit. L... Lire plus