Médecins non vaccinés : "Ils n’en ont rien à cirer de laisser leurs patients démunis"

02/10/2021 Par Dr Marion Lagneau
Billet de blog
“Nous ne pouvons pas pleurnicher sur le triste sort des professionnels ne voulant pas se plier à l’obligation vaccinale”: alors que les premières sanctions à l’encontre des soignants qui ne se sont pas fait vacciner contre le Covid tombent, une médecin blogueuse livre, dans un long texte, une critique de tous les professionnels de santé, en particulier les médecins, qui ont choisi de délaisser leurs patients en refusant de recevoir l’injection. Sans mâcher ses mots, elle revient sur les motivations et les “pratiques douteuses”  des soignants antivax. 

  Billet initialement publié sur le Blog "Cris et chuchotements médicaux" par le Dr Lagneau, gastro-entérologue libérale.  “Après la ruée des antivax, voici que les réseaux sociaux et les journaux résonnent des plaintes de ceux qui doivent stopper leur activité dans le soin, faute d’avoir voulu se vacciner. Lassés d’aligner leurs arguments antivaccin auxquels ils ont bien compris que personne ne veut plus croire hormis leurs compères sectarisés, voici qu’ils tentent d’amadouer les 90% de gens vaccinés, de faire comprendre pourquoi ils ne veulent pas se plier à ce qu’accepte la majorité. Sortant du domaine scientifique, les voici maniant les arguments émotionnels, censés faire comprendre la raison de leur opposition, et surtout censés faire intégrer à tous qu'eux seuls ont raison. Et qu’on va tous mourir dans les années qui viennent à cause qu’on a accepté ce vaccin.. sauf eux ! Nous voila surfant sur la notion de “maltraitance institutionnelle” , sur “la souffrance liée à une obligation dénuée de sens”, sur le fait qu’il ne serait “pas éthique d’obliger quelqu’un” et autres tristes raisons qui doivent émouvoir les vaccinés. Mais les vaccinés ne s'émeuvent pas. Rappelons qu’ils ont déjà des bénéfices. La 5G gratuite, le téléphone qui colle au bras sans plus besoin de poche, alors, de la à plaindre ceux qui refusent ces avantages, non !   “Des professionnels dont la vocation est de s’occuper des autres” Nous ne pouvons pas pleurnicher sur le triste sort des professionnels ne voulant pas se plier à l’obligation vaccinale. Tous ceux qui sont concernés sont des professionnels dont la vocation est de s’occuper des autres, de plus ou moins près, en première ligne ou pas, et de ne pas leur nuire ce faisant. Il semble légitime de penser qu’ils sont moins à risque pour les personnes fragiles dont ils prennent soin s’ils sont eux-mêmes vaccinés contre le Covid. Ceci même si le vaccin ne protège pas à 100%. Car il protège pas mal malgré tout, et participe très fortement à réduire cette pandémie. De même que la ceinture de sécurité minimise la gravité des accidents mais ne peut les empêcher. 

Commençons par regarder les chiffres à l’envers de ce qui fait sensation. Car le nombre des réfractaires peut certes sembler élevé et fait les choux gras des journalistes en mal de révélations. Santé publique France dans son dernier point épidémiologique évoque environ 13 % du 1,1 million de personnels du soin concernées par l’obligation, c’est beaucoup.. mais il faut nuancer : cela comprend tous les salariés et libéraux des structures concernées. Donc, étudiants, employés de service à la restauration, à la blanchisserie, au ménage et tous les personnels administratifs, secrétaires en contact ou non avec les malades, administratifs hospitaliers loin des patients, sont compris dans ce total. Parlons des médecins. Certains, qui prônent largement et ouvertement le vaccin sont gravement vampirisés dans le microcosme des réseaux sociaux par des connards activistes, que l’on se doit de craindre, tant le risque de dérive est grand. Mais il faut souligner que, malgré les attaques,  les médecins ont parfaitement compris et intégré l’intérêt du vaccin. Les libéraux, tous au contact des patients, sont ainsi les plus vaccinés. Au 30 août, 97% des spécialistes, 96% des généralistes, 93% des dentistes, Idem pour les infirmières, vaccinées à 91%, les kinésithérapeutes (89%), les sages-femmes (88%). A l’hôpital c’est avancé aussi : à l'assistance publique, plus de 95% du personnel des hôpitaux est vacciné, à Marseille 90%. En revanche, environ 13% des ambulanciers ne sont pas vaccinés à ce jour. Ont-ils conscience d’être des soignants ?   "C'est peut-être un mal pour un bien" Ce qui est certain, c’est que la poignée de médecins libéraux non vaccinés...

qui viennent tous de cesser leurs consultations, met sur le carreau de très nombreux patients, qui ne savent pas vers quel autre praticien se tourner, en ces temps de raréfaction médicale. Ce qui est certain aussi, c’est que ces praticiens démontrent que non seulement ils n’ont pas conscience qu’il faut se faire violence pour accepter la contrainte vaccinale, mais qu’en plus ils n’en ont rien à cirer de laisser leurs patients démunis. On peut et on doit légitimement se poser la question de ce que ces médecins font avec les recommandations quand ils exercent. Ou de la raison de leur arrêt brutal. Trouvons quelques exemples dans les journaux grands publics, qui n’hésitent pas à citer nommément les bons docteurs qui vont manquer à leurs patients. Derrière ces articles, imaginons certains motifs. Le Dr B., à Charmois-l’Orgueilleux, dans les Vosges part pour raison de non vaccin après 37 ans d’exercice. S’il s’est installé à 30 ans, il en a donc environ 67 .. l’occasion de partir pour une retraite qu’il n’a pas su prendre avant ? Le Dr M.-L. J.-D., médecin généraliste, homéopathe, acupuncteur, faisant partie de la liste des signataires de “Laissons les prescrire”*, ceux qui voulaient soigner le Covid au cocktail marseillais, s’arrête. Elle prescrivait toujours ce qu’elle voulait, ou bien c’est juste pour le Covid qu’elle a trouvé que les recommandations n’étaient pas bonnes ? Comme C/, l’unique médecin de l’Ile aux Moines, dont les iliens pleurent et critiquent la défection. Ou le Dr C.D., généraliste acupuncteur dans la Loire, non conventionnée, qui vient s’épancher dans les colonnes du Quotidien du médecin. Quelle médecine clinique pratique t-elle hors convention, il n’y a pas beaucoup de patients qui consultent en médecine générale non conventionnée ! Ou encore le très actif Dr B., remuant sur Twitter, où il n’hésite pas à donner des statistiques revues à sa sauce, et fausses en règle générale. Lit-il la presse médicale pour mieux soigner ses patients selon les données scientifiques ? Ou fait-il la médecine autant au doigt mouillé que ce qu’il montre via ses posts Twitter ?

  Quels sont ceux qui s’arrêtent dans les 3000 médecins signataires de “laissons les prescrire”*, les prescripteurs d’antipaludéen vitaminé et antibiothérapie, certainement nombreux à se retrouver aussi dans les antivaccins ? J’en connais hélas quelques-uns, tous assez âgés, ayant dépassé les 65 ans, même un qui a passé sa thèse en 1974 - il est largement temps qu’il se repose. Et pour finir, pas de surprise, un MG que je n’ai jamais apprécié, parce qu’il interdisait à ses patients de prendre l’avis d’un autre médecin et notamment de consulter un spécialiste… Et merde, une collègue de fac, radiologue dans les quartiers chics, que je ne vais plus voir depuis longtemps pour mes mammo de suivi de cancer, car elles sont à plus de 1000 boules…   “Le côté noir de la médecine” Bref, dans l’ensemble, on est d’accord, ces praticiens qui s’arrêtent brusquement faute de vaccination génèrent un vide de par leur départ brutal, mais pour leurs patients, finalement, c’est peut-être un mal pour un bien. L’occasion de...

trouver un médecin plus jeune et plus dynamique, plus au fait d’une médecine scientifique.  L’histoire du Covid aura été l’occasion de bien des révélations sur les pratiques médicales. Et une occasion en or de repérer des pratiques douteuses. On ne voit pas pourquoi certains médecins auraient juste voulu faire n’importe quoi avec des antibiotiques et des antipaludéens seulement à l’occasion de cette infection. On suspecte éventuellement qu’ils faisaient joujou avec les médicaments déjà avant. Et n’avaient pas le temps de lire la bonne littérature médicale. Quant aux non-soignants qui refusent le vaccin, ils seront aussi bien hors du milieu de la santé, dont visiblement ils n’ont pas intégré la philosophie, qui est de protéger le plus faible. La encore, la brutalité de l’arrêt pose problème, mais le remplacement est faisable dans un grand nombre de postes.

En définitive, allez faire un tour sur Twitter, c’est hilarant. Sortant de leur secte complotiste, de leurs convictions enfermées et inchangeables, certains viennent s’y lamenter sur leur arrêt obligé. Il n’y a pas grand monde pour les plaindre. Ils se sont emmurés dans des convictions assez absurdes, ils s’en abreuvent, ne veulent pas regarder autour d’eux, ne veulent pas accepter de revoir leurs théories. Ils ont pris une décision. Eh bien le mieux c’est de ne pas demander aux autres d’assumer leur décision. C’est leur décision. Qu’ils l’assument et ne viennent pas pleurnicher. Ce n’est pas à eux de pleurer, mais à tous ceux qui se retrouvent dans la panade à cause d’eux. Ils révèlent le côté noir de la médecine, celui qui était depuis si longtemps caché, celui des médecins dont les propres affects et les convictions personnelles guident les prescriptions."   *La liste des signataires du manifeste “Laissons les prescrire”    

Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?

François Pl

François Pl

Non

Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus

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