L’Agence régionale de santé (ARS) d'Aquitaine a décidé du transfert de l’IRM de la clinique Pasteur, au sein de l'hôpital public de Bergerac, d'ici trois mois. Furieux, les médecins libéraux du pôle de santé qui réclamaient un deuxième appareil pour faire face à la charge de travail, mobilisent la population contre cette décision.
L’Agence régionale de santé d'Aquitaine a fait savoir qu'elle refusait au 11 octobre prochain, le renouvellement de l'agrément pour 5 ans de l'IRM installé à la clinique Pasteur de Bergerac. La rumeur courait depuis près d'un an, car l'ARS n'a jamais caché qu'elle souhaite réorganiser le pôle imagerie à l'hôpital, aux urgences.
Refusé la prolongation de l'agrément de celui de la clinique
Curieuse sortie de route pour les médecins mobilisés depuis de longs mois, pour l'implantation d'un second IRM à l'hôpital de Bergerac. L'administration, a, certes, accordé l'autorisation pour un second IRM, mais dans le même temps, elle a aussi refusé la prolongation de l'agrément de celui de la clinique. Ce qui fait que l'on revient à la situation du départ pour les 175 000 personnes du bassin de vie Girondins et Lot-et-garonnais, qui n'auraient accès qu'à une IRM là où les 200 000 habitants du bassin de Périgueux bénéficient de quatre appareils, deux à l'hôpital et deux à la clinique Francheville. Actuellement, les praticiens hospitaliers viennent à la clinique pour prendre en charge leur patientèle hospitalière. "Ils font avec 60 % du temps, ce que nous faisons avec 40 %", grince le Dr Xavier Gouyou-Beauchamp, chirurgien orthopédiste (membre du BLOC) et vice-président du pôle de santé, mettant ainsi l'accent sur la "productivité" des libéraux. Il n'empêche, un seul IRM à Bergerac c'est trop peu, là, tout le monde en convient. Car le résultat, c'est que les patients ont deux mois de délai d'attente pour passer un IRM, quand la préconisation du plan cancer est de 14 jours.
Gâchis humain
A ce constat très clair, se greffe celui du gâchis humain qu'induit cette décision administrative. Les six radiologues qui prennent en charge quotidiennement 200 patients à Pasteur dans de très bonnes conditions matérielles, n'ont nulle envie de s'expatrier vers l'hôpital pour les beaux yeux de la réorganisation de l'ARS. Sans compter le gâchis économique. "L'IRM est en parfait état de marche, et tout l'équipement autour va aller à la casse", dénonce Xavier Gouyou-Beauchamp. Soit 700 000 euros environ, d'aménagement de climatisation et divers instruments de mesure. Mais la cerise sur le gâteau, c'est le gâchis pédagogique. "La Faculté de Bordeaux nous fait confiance. Elle nous envoie des internes en formation, c'est très rare pour une clinique privée, rappelle le chirurgien. C'est aussi pour nous le moyen de trouver des successeurs". Son collège radiologue, le Dr Tran ajoutait dans Sudouest.fr : "On déstructure une unité qui fonctionne bien et permet une souplesse de gestion optimale. En sortir l’IRM, c’est comme sortir la cuisine d’une maison." Gage de sérieux si besoin était, le docteur Tran soulignait que la clinique est agréée "par le CHU de Bordeaux et l’ARS" pour former des radiologues. Seule la clinique du Sport, à Mérignac, en fait autant. "Cette structure est validée par nos pairs".
Tristesse et incompréhension
Les médecins libéraux éprouvent tristesse et incompréhension vis-à-vis d'une décision administrative, prise par une ARS "très hospitalocentrée", pointe Xavier Gouyou-Beauchamp, qui, avec ses confrères, fait circuler une pétition en ligne. Dans son texte, elle informe : "L'offre de santé dans notre bassin de vie est très fragile, laisser démanteler ce qui marche est le pire signal à envoyer aux jeunes médecins dont nous avons besoin et qui souhaiteraient s'installer dans notre région". "Il s'agit d'un sujet local, mais qui crée un abcès de fixation. L'ARS s'obstine alors que les praticiens sont rares à venir chez nous.", regrette Xavier Gouyou-Beauchamp, bien décidé à se battre. [Avec sudouest.fr]
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