Un soignant sur deux aurait déjà fait un burn out

24/05/2023 Par Karen Ramsay
Au salon SantExpo, la ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé a livré les premiers chiffres de la concertation nationale lancée le 30 mars dernier. Elle pose également un calendrier : d’ici "fin juin", elle entend faire "une série d’annonces" en ce sens.

  Article initialement publié sur concourspluripro.fr C’est un rapport qui doit permettre de "mieux reconnaître et mieux protéger les professionnels de santé". Car ce chantier national sur la santé des professionnels de santé, lancé le 30 mars dernier par la ministre Agnès Firmin Le Bodo, doit apporter "des réponses précises et concrètes" à ce "sujet de préoccupation majeur de santé publique" pour élaborer "une organisation et une culture de travail permettant de développer la santé au travail des professionnels de santé, quel que soit leur lieu d’exercice, et de contribuer au retour d’une image positive des métiers de la santé afin de restaurer leur attractivité". Confiée à un trio de professionnels de santé – Marine Crest, Philippe Denormandie et Alexis Bataille – la concertation a recueilli "près de 50 000 [témoignages] de professionnels de santé des domaines de la santé, du social et du médico-social, institutionnels et libéraux", a précisé la ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, au salon SantExpo, ce 23 mai. Accompagnée de Philippe Denormandie qui a souligné le caractère inédit de cette concertation qui permet "pour la première fois de comparer les secteurs d’exercice", elle a livré des premiers chiffres clés de cette vaste évaluation.

71% des professionnels interrogés estiment que le niveau de stress lié à leur activité professionnelle est "supérieur à 6/10" ; 77% disent "ne pas dormir suffisamment" ; 63% estiment que leur état de santé "n’est pas bon"  (ce qui inclut les "très mauvais""mauvais" et "assez bon") ; 53% donnent une note "inférieure à 7/10" à leur vie actuelle ; 14% déclarent ne pas avoir de médecin traitant ; et seuls 11% qui y ont accès jugent que leur dernière consultation auprès de la médecine du travail "a eu un impact positif", précise le ministère. "Ces résultats nous obligent, a lancé Agnès Firmin Le Bodo. Et les réponses que nous devons y apporter doivent être coconstruites avec les professionnels hospitaliers, le médico-social et la ville."   Bientôt la médecine du travail pour les libéraux Mettre en place des actions de sensibilisation et des programmes de formation pour accompagner les professionnels "à la gestion du stress, à la promotion de la santé et à la prévention des risques psychosociaux", améliorer l’environnement et les modalités de travail "notamment en termes d’organisation du temps de travail et de reconnaissance du temps travaillé", faciliter l’accès aux dispositifs de prévention et aux soins (bilans de santé, accès à la médecine du travail pour les libéraux, horaires de consultation adaptés à l’emploi du temps des professionnels de santé…) ; proposer une ligne téléphonique, une plateforme en ligne et des centres dédiés "pour [les] soutenir psychologiquement et émotionnellement" ; investir dans la recherche sur la santé des professionnels de santé pour "améliorer notre compréhension collective des causes et des effets des problèmes de santé mentale et physique liés à l’activité professionnelle, mais aussi dès les premières années de formation"… Autant d’axes de travail qu’a détaillés la ministre ce mardi. Rappelant qu’un professionnel de santé interrogé sur deux estime avoir déjà fait un burn out, Philippe Denormandie a également révélé que seul un soignant sur trois parvient à parler de sa souffrance à ses collègues : "Nous avons besoin de travailler sur les mots pour dire cette souffrance", a confié le chirurgien neuro-orthopédiste. D’ici "fin juin", Agnès Firmin Le Bodo présentera les premières mesures de cette feuille de route et sollicitera "dès les prochains jours" l’appui des ARS à ce chantier national, notamment pour réaliser un état des lieux des actions déjà en place ou pour désigner un correspondant dans chaque ARS. Car "prendre soin de la santé des soignants, c’est s’engager sur l’avenir, fidéliser ceux qui s’engagent, qui résistent…"

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