Démissions en série, suroccupation… l'hôpital psychiatrique d'Amiens entame son 68e jour de grève
La fermeture d'une unité au début de l'été a mis le feu aux poudres. Dénonçant le coût humain, tant pour les soignants que pour les patients, des économies budgétaires, une partie du personnel de l'hôpital Pinel est en grève depuis plus de deux mois.
En trois ans, neuf médecins ont claqué la porte et onze autres seraient sur le départ. Les salariés de l'hôpital psychiatrique d'Amiens sont à bout, usés par les économies budgétaires et la dégradation des conditions de travail. Depuis 2015, la dotation de l'Etat a diminué de 800.000 euros et quatre unités ont fermé. Selon les syndicats, les soignants, en sous-effectif chronique, en sont réduits à faire du "gardiennage" de patients entassés dans leur chambre. "Une nuit, un patient a uriné dans son lit. Il était tellement proche des autres – c'était une chambre de deux avec trois lits – que ça a inondé les deux d'à côté", illustre pour le JDD l'un des grévistes qui se relaient jour et nuit depuis plus d'un mois pour dormir dans les tentes dressées à l'entrée de l'établissement. Pour mettre fin au conflit, l'ARS a annoncé une aide d'un million d'euros. La direction, quant à elle, s'engage à remplacer les départs et promet 10 embauches supplémentaires. Insuffisant pour les syndicats, qui réclament 60 équivalents temps plein, l'effacement de la dette (1,78 million d'euros en 2017) qui a imposé un plan de retour à l'équilibre, et l'organisation d'une vaste table ronde avec tous les acteurs de la psychiatrie. "On est arrivé à un point où, dans l'hôpital psychiatrique public, on majore les pathologies", déplore le Dr Mehmet Matsar, psychiatre. Soutenus par la population sur les réseaux sociaux, les grévistes ont lancé une opération "bouteilles à la mer". Jusqu'à la fin du mois, les citoyens sont invités à écrire des messages, qui seront placés dans des bouteilles. Le tout sera déposé à l'ARS le 30 août. [avec lejdd.fr et france3.com]
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