"Jamais, je n'ai connu pareille situation", gronde Marcellin Meunier. Le 5 mai, ce généraliste, gériatre mais aussi médecin coordonnateur de l'Ehpad Oyats situé à Notre-Dame-de-Monts, en Vendée, a lancé un appel sur Facebook qui en moins d'une semaine a déjà récolté plus de 3000 likes et a été partagé plus de 13 000 fois. Son objectif : alerter les médias sur "la bombe à retardement" de la dépendance et dénoncer "la détresse critique" qui existe dans l'établissement où il exerce depuis dix ans. Actuellement, sur les 55 membres du personnel en équivalent temps plein, "On a 15 personnels en arrêt, dont la directrice de l'Ehpad, ceux qui restent sont épuisés. Je crains un drame humain pour le personnel", raconte-t-il sur France Bleu Vendée. "Sur les quatre infirmières, il nous en reste une seule, les autres sont parties", précise-t-il. La raison de ce turn over ? Le vieillissement des résidents… " Il y a quinze ans, les gens arrivaient à 84 ou 85 ans et pouvaient marcher ou manger seuls. Aujourd'hui, ils arrivent de plus en plus tard dans leur vie, il faut les nourrir, attendre qu'ils déglutissent, les coucher, les changer, et si on a le temps, leur dire un petit mot. Avec les effectifs qu'on a, on n'y arrive plus", explique le médecin. L'ARS découvre la crise sur Facebook "La situation est devenue critique à un point tel que les arrêts de travail du personnel exténué, les abandons de poste et les situations de burn-out sont légion, ce qui ne permet plus un fonctionnement normal de l'établissement, augmentant de facto la charge de travail et ne permettant plus les soins minimums que requièrent nos personnes âgées, du fait de leur dépendance", dénonce le médecin dans son message. Refusant d'être "complice d'une maltraitance désormais institutionnalisée du fait des moyens dramatiquement insuffisants que nous accordent les autorités et organismes de tutelle", il menace de démissionner dans les deux mois si l'établissement qui accueille 80 résidents n'obtient pas de personnel supplémentaire.
"Cette maltraitance, du personnel comme des résidents, atteint un niveau qui doit être dénoncé, pris en compte et corrigé, à l'heure où l'on évoque au niveau national de nouvelles ressources financières à mettre en place", ajoute-t-il dans son appel où il indique avoir déjà organisé une réunion de crise dans l'établissement avec tout le personnel en présence de la directrice de l'établissement, du maire de la commune et président du CCAS.
"On n'avait pas eu vent de cette situation de crise, qu'on découvre sur les réseaux sociaux. Elle ne nous avait pas été notifiée par le conseil d'administration de l'Ehpad", explique l'ARS qui précise que cet Ehpad n'était pas en haut de la liste, vu le très bon niveau des soins et le fait qu'il n'a jamais été remonté de plainte des résidents ou des familles. Le 6 juin, une réunion devrait avoir lieu pour définir un nouveau CPOM (projet d'établissement contractualisé avec l'ARS). L'ARS indique aussi qu'elle va évaluer la situation à l'Ehpad de Notre-Dame-des-Monts pour éventuellement apporter une réponse via le pacte régional Ehpad, qui prévoit des aides financières d'urgence en cas de "situations très préoccupantes". [Avec France Bleu Vendée]
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