
Généraliste en arrêt après une réquisition : une pétition appelle à la démission du président de l'Ordre de la Loire
Fin janvier, la généraliste de Bully (Loire) a reçu une réquisition des mains des gendarmes pour l'obliger à assurer deux gardes, alors qu'elle avait décidé de ne plus participer à la permanence des soins. Elle est depuis en arrêt maladie. Alors que le président de l'Ordre a justifié cette réquisition par la "procédure", une pétition appelle à sa démission. Elle a déjà recueilli plus de 800 signatures.

Tout commence il y a près de six mois. Après le départ d'un confrère, la médecin généraliste de Bully s'est retrouvée seule à assurer les consultations. Débordée, elle décide en janvier dernier de ne plus participer à la permanence des soins ambulatoires (PDSA) les soirs et week-ends. Une décision annoncée à l'ARS, à l'Ordre et aux médecins du secteur. Résultat : un tableau de garde incomplet dans cette zone rurale en manque de médecins.
Mardi 21 janvier, trois gendarmes sonnent au cabinet. En pleine consultation, elle se voit remettre une réquisition préfectorale lui intimant d'assurer deux gardes dans le cadre de la PDSA, dont une le soir-même. Depuis, elle est en arrêt maladie. Son arrêt de travail a été prolongé jusqu’au 12 avril.
Forme-t-on trop de médecins ?

Fabien Bray
Oui
Je vais me faire l'avocat du diable. On en a formés trop peu, trop longtemps. On le paye tous : Les patients galèrent à se soigne... Lire plus
Une pétition lancée le 29 janvier dernier par "Médecins solidaires" appelle à la démission du président de l'Ordre des médecins de la Loire, le Dr Jean-François Janowiak.
"Nous, soussignés, médecins solidaires, exprimons notre indignation face aux circonstances intolérables ayant conduit une consœur médecin généraliste, la Dre Marie Boucher, à être réquisitionnée par les gendarmes pour assurer une garde le soir même, en dépit de sa notification préalable et légitime de ne plus pouvoir effectuer les gardes à partir du 1er janvier 2025", écrivent-ils.
Ils dénoncent les propos tenus par le Dr Janowiak dans Le Progrès. "En insistant sur une prétendue surcharge de travail limitée à ‘quatre heures supplémentaires’, le président de l’Ordre minimise totalement l’impact psychologique et professionnel de cette réquisition, tout en ignorant la situation critique dans laquelle se trouve son centre de santé de Bully, confronté à une pénurie de personnel et à des conditions de travail de plus en plus difficiles", s'indignent-ils.
"De tels propos sont profondément méprisants, dénués d’empathie et indignes d’un représentant de l’Ordre. Ils bafouent l’engagement, le dévouement et les difficultés de cette consœur, qui, rappelons-le, travaille dans un contexte de désert médical aggravé par le départ d’une collègue en juillet 2024, jamais remplacée", ajoutent-ils. "Au lieu de défendre et de protéger notre consœur, ce dernier a choisi de la stigmatiser publiquement, ajoutant à sa souffrance et à l’injustice qu’elle subit", conclut le texte.
La pétition appelle a "un soutien clair et public de l’Ordre des Médecins à notre consœur, ainsi qu’à toutes celles et ceux qui, dans des situations similaires, alertent sur leurs limites et leur incapacité à poursuivre leurs missions dans des conditions intenables", ainsi qu'à la "démission immédiate" du Dr Janowiak "pour son manquement à ses devoirs d’éthique et de solidarité envers les confrères qu’il est censé représenter et soutenir".
Sollicité par Egora, le Dr Jean-François Janowiak n'a pas souhaité s'exprimer.
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