Il y a un an, je finissais mon internat sur un arrêt de travail pour burnout. J’étais incapable de retourner en stage et j’ai vraiment vécu ça comme un échec personnel et avec beaucoup de culpabilité.
— Dr_Chati (@DrChati) October 17, 2022
"J’étais la fille qui n’était pas capable de finir ce p*** d’internat alors qu’il lui restait à peine trois semaines à faire et pour moi, tout ça était entièrement de ma faute. J’avais choisi cet internat de médecine générale. J’avais aussi choisi d’essayer de faire tout en même temps et de vivre comme n’importe quelle personne entre 25 et 30 ans : vivre, acheter une maison, avoir un bébé etc. malgré l’internat, la thèse, les changements de stage tous les 6 mois, les gardes… Tout ça me paraissait à ma portée avec un peu de volonté et d’organisation, d’autres l’avaient fait avant moi. Mais ce dont je me rends compte aujourd’hui, c’est que c’est une accumulation de petites choses qui m’ont menée à ça et pas seulement mes choix. La fac qui te surcharge de travail débile à coup de marguerite ou te demande de revenir pendant ton congé mat’ avec un nourrisson en séance de tutorat sous peine d’être invalidée, par exemple. Les stages où tu as la boule au ventre en prenant la voiture en rentrant de garde parce que t’as peur de t’endormir au volant. Les maîtres de stage pour qui tu es juste de la main d’œuvre pour faire tourner le cabinet et qui te reprochent de ne pas venir quand ton enfant est malade. Le covid qui s’est invité au milieu de tout ça. Et j’en passe…
Aujourd'hui quand j’entends que l’internat risque d’être rallongé d’un an, j’ai la boule au ventre. La réalité, c’est que je ne sais pas si j’aurais pu finir mon internat dans ces conditions, s'il avait duré un an de plus. Pourtant, j’ai toujours voulu faire ça, la VOCATION comme vous dites. Mais la vocation ça n’empêche pas d’avoir envie de prendre soin de sa santé physique et mentale, de vouloir se construire et d’avoir une famille. J’ai longuement hésité sur le choix de la spécialité entre la médecine générale et la pédiatrie. Dans les arguments pour faire de la médecine générale, il y avait la durée de l’internat plus courte et plus conciliable avec une vie de famille et la possibilité de m'installer en libéral facilement où je voulais. Je vous laisse deviner ce que ces arguments deviennent avec les perspectives actuelles… Et je ne suis pas sure que j’aurais été un meilleur médecin avec cette année supplémentaire soit disant pour améliorer notre formation.
Pour en finir, la seule perspective de ne pas retourner en stage m’avait tellement soulagée. Je savais que dans trois semaines je commençais ma nouvelle vie. Je commençais un remplacement régulier dans l’optique d’une collaboration à cinq minutes de chez moi. Parce que oui ça existe encore les jeunes médecins à la sortie de la fac qui ont envie de s’installer en libéral ! Un an après, la vie est belle, j’ai travaillé pendant 9 mois dans un cabinet où j’ai hâte de m’installer pour de bon une fois ma thèse passée et j’attends avec impatience l’arrivée de mon deuxième bébé. C'est la vie que j'ai choisie et pas celle qu'on a essayé de m'imposer."
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