Suicide du Pr Barrat : la justice reconnaît un acte lié à des raisons professionnelles

25/07/2023 Par Fanny Napolier
Le Professeur Christophe Barrat s’est suicidé pour des motifs professionnels, ont estimé les magistrats du tribunal administratif de Montreuil (Seine-Saint-Denis).

  Le dimanche 3 février 2019, le Professeur Christophe Barrat, 57 ans, se défenestrait de son bureau, au 5ème étage de l’hôpital Avicenne à Bobigny (Seine-Saint-Denis). Il portait sa blouse et ses sabots de blocs opératoire. Le 18 juillet dernier, le tribunal administratif de Montreuil a estimé que le suicide du Pr Barrat était bien lié à des motifs professionnels. Il annule l’arrêté pris en 2020 par la présidence de l’université Sorbonne Paris Nord (ex-Paris 13), qui avait soutenu le contraire. Pour l’AP-HP, le « lieu de travail principal » du Pr Barrat n’était pas Avicenne, mais l’université. D’autre part, avaient estimé les employeurs du Pr, il s’est donné la mort un dimanche, en dehors de ses heures de services. Enfin, l’AP-HP et l’université révèlent que le praticien souffrait d’une tumeur cancéreuse. De quoi conclure que « l’accident de Christophe Barrat (…) n’est pas reconnu comme imputable au service ». A l’inverse, la récente décision du tribunal administratif estime qu’ « il ressort de l’ensemble de ce contexte professionnel et des circonstances de l’accident que celui-ci a revêtu un lien direct avec le service ». Il enjoint la présidence de l’université de prendre une nouvelle disposition « reconnaissant l’imputabilité au service du suicide du professeur Barrat ». Le tribunal fonde sa décision sur deux expertises très critiques du fonctionnement du service de chirurgie digestive d’Avicenne. En 2015, ce service absorbe l’activité de bariatrie du Pr Barrat, chef de service à l’hôpital Jean-Verdier de Bondy. En 2018, le Pr Barrat, à bout, demande à quitter l’hôpital, qui refuse. D’autres éléments mettent en lumière la détérioration des conditions de travail du chirurgien et de son équipe après la fusion. Les personnels soignants dénoncent « un dénigrement constant de la part des équipes d’Avicenne », « une ambiance de service délétère ». Une infirmière s’inquiète pour le Pr Barrat : « Il était très fortement meurtri en voyant son personnel en souffrance. Il a épuisé sa résistance physique et morale à Avicenne. » L’université Sorbonne Paris Nord peut encore faire appel de cette décision. [Avec leparisien.fr]

Etes-vous favorable à l'instauration d'un service sanitaire obligatoire pour tous les jeunes médecins?

M A G

M A G

Non

Mais quelle mentalité de geôlier, que de vouloir imposer toujours plus de contraintes ! Au nom d'une "dette", largement payée, co... Lire plus

0 commentaire
1 débatteur en ligne1 en ligne





 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Enquête
Soirées d'intégration en médecine : le bizutage a-t-il vraiment disparu ?
02/10/2024
2
Concours pluripro
Maisons de santé
Objectif 4000 maisons de santé : les enjeux des prochaines négociations conventionnelles
07/11/2024
2
Podcast Histoire
"Elle aurait fait marcher un régiment" : écoutez l’histoire de Nicole Girard-Mangin, seule médecin française...
11/11/2024
0
Histoire
Un médecin dans les entrailles de Paris : l'étude inédite de Philippe Charlier dans les Catacombes
12/07/2024
1
Portrait
"On a parfois l’impression d’être moins écoutés que les étudiants en médecine" : les confidences du Doyen des...
23/10/2024
5
La Revue du Praticien
Addictologie
Effets de l’alcool sur la santé : le vrai du faux !
20/06/2024
2