Réalisée pour l’Association des maires ruraux de France (AMRF) par Emmanuel Vigneron, professeur des universités à Montpellier et spécialiste de l'approche territoriale de la santé, une nouvelle étude sur la démographie médicale révèle que dix millions d'habitants vivent dans un territoire où l'accès aux soins est de qualité inférieure à celle de la moyenne des territoires français. Le document souligne que la densité pour 1.000 habitants pour toutes les catégories de médecin "est systématiquement inférieure à la campagne par rapport aux territoires hyper-urbains". Concernant les médecins spécialistes, leur nombre est même deux fois moins important dans les départements hyper-ruraux. L'étude indique également que le nombre de cantons dépourvus de médecins est passé de 91 en 2010 à 148 en 2017, soit une augmentation de 62%. La densité médicale a d'ailleurs baissé de plus d'un tiers dans 30% de l'ensemble des cantons pendant la même période.
L'AMRF alerte ainsi sur la “dégradation des déserts médicaux”, alors que l’épidémie de Covid n’est toujours pas endiguée en France. "Nous ne sommes qu'au début de la crise. Si rien n'est fait, on court vraiment à la catastrophe", s’inquiète Dominique Dhumeaux, premier vice-président de l'Association. A ses yeux, "cette difficulté d'accès aux soins est insoutenable”. "J'ai du mal à imaginer comment notre société va absorber cette profonde injustice. Rien n'explique que pour 1.000 habitants, il y ait moins de médecins en milieu rural qu'en ville. Il n'y a pas moins d'enseignants ou de pharmaciens", déplore-t-il encore.
Autre problème majeur à prendre en considération pour les élus : la moyenne d’âge des praticiens, toujours plus élevée dans les territoires ruraux. "Plus de la moitié des médecins en rural sont âgés de plus de 55 ans et un bon nombre a déjà largement dépassé les 70", souligne Dominique Dhumeaux, qui rappelle que "les jeunes médecins sont beaucoup plus nombreux en ville".
Fin 2020, l'AMRF avait publié deux autres études, la première révélant que l'espérance de vie à la campagne se dégradait depuis le début des années 2000 par rapport aux villes et la seconde, que les habitants des régions rurales "consomment 20% de soins hospitaliers en moins que ceux des villes".
[avec AFP]
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