Combien de praticiens exerceront dans dix, vingt, trente ans ? Si la France devrait compter 209 207 médecins en 2024 d’après les projections de la Drees, ce chiffre, qui fait office de plancher, devrait remonter doucement au cours des années suivantes. Ainsi, en prenant en compte les 8 700 étudiants admis en deuxième année de médecine tous les ans et le flux de 1 200 praticiens diplômés à l’étranger commençant une activité en France chaque année, la Drees estime qu’après une stagnation jusqu’à 2030, une hausse significative des effectifs de médecins, toutes spécialités confondues, sera observée de 2030 à 2050 : soit environ +1,5 % tous les ans… pour atteindre 291 790 au total en 2050. Mais, avertit Gérard Raymond, président de France Assos Santé, « il va falloir que tous les acteurs comprennent bien que les arrivées de nouveaux soignants ne vont pas compenser les départs des anciens, et qu’on aura beau avoir des mesures compensatoires, cela ne suffira pas. Il faut donc arrêter de faire croire qu’on va embaucher des gens qui n’existent pas, et se demander comment faire, avec les personnes que nous avons, pour répondre aux besoins de la population. » Et les professionnels de santé ont bien compris le besoin de pédagogie qu’impose la situation démographique. «On peut expliquer aux patients qu’il y a des médecins qui acceptent encore de nouveaux patientsmême s’ils ne sont peut-être pas dans leur quartier», veut par exemple croire la Dre Guilaine Kieffer-Desgrippes, vice-présidente de l’URPS médecins libéraux du Grand Est. Liberté (d’installation), liberté chérie Reste que face à une telle situation, la tentation de restreindre la liberté d’installation des médecins va continuer de titiller le législateur : la quatrième année de médecine générale en désert médical est actée dans la loi de financement de la Sécurité sociale 2023… et ce n’est qu’un début. « Plusieurs propositions de loi en ce sens sont en cours, et nous allons continuer à tenter d’expliquer que cela ne peut pas marcher », avertit la Dre Élise Fraih, présidente de Reagjir. Mais plus structurellement, la question clé, en matière de démographie médicale, sera celle de l’attractivité, et les prochaines années seront, à ce titre, décisives. Telle est du moins l’opinion d’Élise Fraih. «Déjà pour 2023, on attend la nouvelle convention médicale (voir ci-contre), et les jeunes qui vont s’installer regardent attentivement ce qui va en sortir, prévient-elle. Il faut que des propositions soient faites pour faciliter l’exercice, simplifier l’administratif, mieux coter les consultations longues, réfléchir surdesforfaits qui tiennent davantage compte de la réalité de l’activité... » Les négociateurs sont donc prévenus : les jeunes les ont à l’œil! Consultez les autres articles de notre dossier : "Corporatisme des médecins" ou "paramédicaux qui veulent jouer au docteur" : le partage d'acte divise les soignants Développement de l'exercice coordonné : vers la fin d'une "aberration" ?
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