“Les médecins qui ne valideront pas la recertification n’auront pas le droit d’exercer"
"Les médecins qui ne valideront pas la recertification n’auront pas le droit d’exercer", a lâché, catégorique, le Pr Serge Uzan en rendant son rapport ce lundi. Mais derrière ces propos tranchants, c’est une profonde bienveillance à l’égard des médecins qui est revendiquée par le président de la mission sur la recertification. D’ailleurs, il se presse d’ajouter : "Mais c’est impossible, ça n’arrivera pas. Certains ne voudront pas s’y soumettre, c’est autre chose. Mais alors, c’est une façon de se réorienter vers autre chose que la médecine…"
Si le Pr Serge Uzan est convaincu de la réussite de la procédure de "Certification et valorisation périodique" qu’il propose à Agnès Buzyn, c’est qu’elle est "faite par des médecins, pour des médecins", promet-il. Au programme, de la souplesse, de l’auto-évaluation, des procédures dématérialisées… C’était d’ailleurs l’une des consignes d’Agnès Buzyn au moment de commander ce rapport : "Ça ne doit pas être un poids dans l’agenda déjà surchargé des médecins", a rappelé la ministre ce lundi.
Concrètement, tous les médecins diplômés à partir de 2021 devront valider, tous les six ans, 15 à 30 jours de formation par an. Les médecins déjà en exercice pourront participer sur la base du volontariat. Les conseils nationaux professionnels (CNP) et le Collège de la médecine générale (CMG) seront chargés de dresser une liste d’activités qu’ils estiment formatrices. Le DPC, dont la durée indemnisée doit être allongée, estime le Pr Uzan, aura largement sa place dans ces activités de formation, mais pas seulement. La participation à des congrès, l’enseignement, l’encadrement, la recherche seront aussi valorisés. Autant d’activités que le médecin pourra déclarer lui-même sur un espace personnel numérique sécurisé. "Des contrôles pourront être menés sur quelques cas, mais je ne crois pas que les médecins tricheront", ajoute le Pr Uzan. Autre élément majeur dans la procédure de recertification, la prise en compte de la qualité de vie et de la santé du médecin. "Certains ont été choqués, ou surpris, que nous proposions ce critère, mais ça me paraît indispensable. Le praticien sera incité à prendre soin de sa santé. Nous devons aider les médecins à lutter contre les origines multiples de leur souffrance", a insisté le Pr Serge Uzan, rappelant le suicide récent d’un étudiant en médecine à Brives.
Le projet remis à la ministre rappelle le Serment de Genève, qui comporte l'exigence pour le médecin de "veiller à sa propre santé, à son bien-être et à ses aptitudes afin de prodiguer des soins de la meilleure qualité possible". "Merci d’avoir donné à ce critère de la qualité de vie et de la santé du médecin la place qui convient, a ajouté Agnès Buzyn. Le bien être et la santé des médecins est un enjeu majeur, aujourd’hui plus que jamais." "Le risque psycho-pathologique pour les médecins doit être prévenu et évité", rappelle ainsi Serge Uzan dans son rapport. "Les origines de la souffrance sont le surmenage, la solitude et l’altération ressentie de l’image, le rêve humaniste confronté à la réalité de la gestion et de l’administration, le harcèlement des caisses, du judiciaire, des patients et parfois, en plus, la désintégration familiale liée à un mode d’exercice difficile", analyse le Pr Uzan. Et d’ajouter : "Il faut donc profiter de l’occasion de cette recertification pour en faire un outil d’aide et de prévention." Une expérimentation en 2019 Et c’est conscient des charges qui pèsent sur les épaules des médecins que la mission se refuse à faire de la recertification une "usine à gaz". "Il faut éviter de rajouter un facteur de harcèlement administratif supplémentaire par la procédure de certification et de valorisation périodique", assure le Pr Uzan. "Certains seront stressés à l’idée d’être évalués. Ils seront aidés", promet-il. Une expérimentation sera lancée dès 2019, avant que les derniers ajustements ne soient apportés pour le lancement en 2021. "L’humilité et le doute raisonnable sont consubstantiels à la médecine, a assuré Agnès Buzyn en recevant le rapport. La confiance se donne, et celle des patients pour leurs médecins repose sur la fiabilité et l’acuité de leurs connaissances."
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