Invité de France Inter lundi 30 mai, Martin Hirsch a affirmé que 1.400 infirmières manquaient à l’appel actuellement dans les établissements de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). “On a 1.000 infirmiers de moins qu’il y a un an à la même époque. On avait initialement prévu de créer 400 postes supplémentaires, on n’a pas pu les ouvrir. Il nous manque donc 1.400 infirmières par rapport à ce que l’on aimerait avoir”, a précisé le directeur de l’AP-HP. Conséquence : 15% des lits des établissements franciliens en moyenne restent fermés. Interrogé sur les raisons de ce déficit de soignants, Martin Hirsch a fait état de leur état d’épuisement. "Ce qu’il se passe : il y a eu deux années avec une pression aussi forte liées aux Covid et ne laisse pas indemne celles et ceux qui travaillent à l’hôpital. Ça se voit dans beaucoup de pays”. Outre les réorientations de carrières, il a par ailleurs évoqué les infirmières parties “dans le privé ou en province”, d’autres encore “ne sont pas venues travailler après leur diplomation de l’été dernier”.
Mais pour lui, un autre phénomène peut expliquer cette pénurie de soignants : le recours aux contrats intérimaires. “Beaucoup de personnels utilisent cette drogue douce de l’intérim, qui nous met dans une situation absolument terrible”, a-t-il ainsi dénoncé, qualifiant ceux qui y ont recours de “mercenaires”. Il ajoute qu’une garde peut être rémunérée jusqu’à 1.500 euros pour une garde de week-end contre 300 euros maximum pour un médecin expérimenté. “Avant, quand on était diplômé, on n’avait pas le droit de s’installer comme intérimaire. Ce statut, cela veut dire : “Je fais le choix de travailler quand je veux, quand je peux, payé trois fois plus que les autres”, s’est encore agacé Martin Hirsch. “Le développement de l’intérim chez les soignants est d’abord la conséquence des politiques qui ont toutes ces années précarisé les équipes et les prises en charge et réduit drastiquement l’attractivité des carrières à l’hôpital”, a immédiatement réagi le syndicat Jeunes Médecins, dans un communiqué. “De ce point de vue, l’AP-HP dirigée par Monsieur Hirsch a été bonne élève avec une proportion record des praticiens contractuels (+ de 40%) sans perspectives de titularisation dans ses effectifs”, commente encore son président, Emmanuel Loeb. Pour faire face à l’été, Martin Hirsch a donc décidé de proposer des contrats aux élèves infirmiers : “On propose aux élèves infirmiers un contrat, où on leur paye leur dernière année contre un engagement de servir pendant 18 mois", a annoncé le directeur de l’AP-HP. 650 de ces contrats ont déjà été signés. [avec France Inter]
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