La question ne cesse de revenir dans le débat politique. Alors que l’hôpital fait face à un manque cruel de personnels et à une épidémie de bronchiolite précoce, faut-il réintégrer les soignants non vaccinés contre le Covid qui ont été suspendus ? Invité de l’émission les 4 vérités de Télématin, ce jeudi 17 novembre, le porte-parole du Gouvernement, Olivier Véran, a estimé que "ça ne changerait rien au schmilblick".
"J’en étais resté il y a plus de six mois à 70 ou 80 médecins et pharmaciens cumulés qui avaient démissionné en disant que c’était en raison de la vaccination", a-t-il déclaré, précisant que "certains ont été réintégrés depuis, d’autres sont partis pour d’autres raisons. Donc ça ne changerait rien à l’offre médicale."
L’ancien ministre de la Santé a ajouté que "symboliquement" il ne faudrait pas autoriser une réintégration. "Si vous posez la question aux soignants hospitaliers, ils ne sont pas forcément férus de l’idée que leurs collègues [non vaccinés] reviennent travailler avec eux. Ensuite vous avez les autorités sanitaires, scientifiques, qui considèrent que c’est trop dangereux encore avec un virus qui circule beaucoup d’exposer des malades fragiles à des soignants non vaccinés", a-t-il souligné.
En juillet dernier, en pleine 7e vague de Covid, la HAS s’était en effet prononcée en faveur d’un maintien de cette obligation vaccinale, considérant que "les données [n’étaient] pas de nature à remettre en cause" l'obligation vaccinale des soignants. L’Académie de médecine lui avait emboîté le pas, s’opposant fermement à une réintégration.
.@olivierveran : "Le tri des patients n'existe pas en médecine et réintégrer les soignants non-vaccinés ne changerait rien au schmilblick" #Les4V pic.twitter.com/Z5bOXUVxMc
— Telematin (@telematin) November 17, 2022
Mise au "ban"
Ce mercredi, en commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, les députés ont voté contre une proposition de loi portée par La France insoumise visant à réintégrer les personnels non vaccinés. Faisant valoir que "72% des Français sont favorables à un retour de personnels de santé non vaccinés", Caroline Fiat, qui portait cette proposition, a dénoncé "une situation hypocrite qui consiste à mettre au ban des personnes qualifiées dont nous avons pourtant vraiment besoin". "Les raisons de tenue à l'écart des personnels non-vaccinés ne sont plus fondées, maintenant que nous savons qu'ils peuvent être réintégrés sans risques", a-t-elle estimé.
Le texte prévoyait un protocole sanitaire "strict". "Le protocole que je propose […] combine la présentation de tests négatifs et le port d’équipements de protection individuelle, précise la députée Nupes-LFI Caroline Fiat. Des tests virologiques seront effectués à chaque prise de poste pour garantir que le professionnel n’est pas porteur du virus et le port d’un masque FFP2 sera systématique pour protéger le professionnel en cas de contact avec un malade", a-t-elle ajouté, assurant que lors de son audition, la HAS avait "reconnu devant plusieurs témoins que ces mesures étaient de nature à protéger du risque épidémique". Un dernier point qui a fait polémique. Dans un thread Twitter, la HAS a d’ailleurs indiqué "que ce protocole ne serait pas applicable sur le terrain, car trop contraignant", rappelant que son dernier avis (du 22 juillet 2022) restait d’actualité.
#COVID19 | Dans le cadre du travail préparatoire à l’examen d’une proposition de loi, la HAS a été auditionnée ce lundi 7 novembre à l’@AssembleeNat.
— Haute Autorité de santé (@HAS_sante) November 9, 2022
Début novembre, après que le gouvernement italien a annoncé la réintégration des médecins, dentistes et infirmières suspendus pour avoir refusé de se vacciner, François Braun a décidé de saisir de nouveau la Haute Autorité de santé (HAS) ainsi que le Conseil consultatif national d’éthique (CCNE). Le locataire de l’avenue de Ségur a cependant estimé qu’un retour à l’hôpital de ces personnels ne résoudrait pas les difficultés des établissements de santé. Lors d’une conférence de presse de l’Association des journalistes de l’information sociale, mardi 8 novembre, il a ajouté que ce n’était "pas un sujet, c’est peanuts".
De son côté, la Fédération hospitalière de France a réaffirmé son "soutien au principe général de la vaccination obligatoire pour les professionnels de santé". Elle estime que cette question ne devrait même pas "être à l’ordre du jour", "et ce pour des raisons éthiques, de santé publique et de protection au travail". "Ce n’est pas avec cette mesure, susceptible de créer des tensions sur le terrain, que l’on va régler le problème de ressources humaines qui affecte nos établissements depuis des années", a déclaré son président, Arnaud Robinet. Selon les chiffres de la FHF, "4 000 professionnels de santé, dont environ 500 infirmiers", ont été suspendus sur "1,2 million d’agents".
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