Ils alertent sur risque un “krach sanitaire”. Dans trois tribunes publiées ce week-end sur le JDD.fr, Patrick Pelloux et 13 praticiens de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf) ainsi que le Pr Michel Tsimaratos, chef de service en pédiatrie à l’hôpital de la Timone à Marseille et 15 praticiens associés, ainsi que Rémy Nizard, chef du service de chirurgie orthopédique et traumatologique de l’hôpital Lariboisière à Paris, dénoncent leurs conditions d’exercice, alertent sur le manque de moyens et des services à bout de souffle.
Premier grief, les dysfonctionnements permanents - notamment à cause du manque de personnel. “Notre mission de service public est de tout faire tout le temps, mais le Gouvernement ne nous en donne pas les moyens. (...) En épuisant les soignants, on les a fait fuir”, écrit ainsi le président de l’Amuf. “Les blocs opératoires dysfonctionnement au point que de nombreuses interventions programmées des mois à l’avance sont annulées le jour même (...) Les délais opératoires s’allongent et entraînent parfois une perte de chance pour les patients”, écrivent de leur côté le Pr Michel Tsimaratos et 15 autres signataires.
"Comment pouvons-nous accepter d'être l'un des pays de l'OCDE qui paie le moins bien les infirmiers?"
Deuxième grief, la “désespérance”, ainsi que l’écrit le Pr Rémy Nizard ; et les contraintes budgétaires. “L’intensification d’un travail contrôlé par nombre de tableaux de bord, un discours faisant penser que nous sommes mal organisés, trop nombreux, querelleurs, parfois paresseux a eu raison des plus motivés, des plus impliqués. Aujourd’hui, il faut constater que le turn-over des infirmières et infirmiers, un absentéisme élevé, les départs répétés et ininterrompus de talents médicaux ou chirurgicaux sont autant de témoins de ce que certains appelleraient un malaise mais qui a mon sens est de la désespérance. Comment pouvons-nous collectivement accepter d’être l’un des pays de l’OCDE qui paie le moins bien les infirmiers ? (...) Le message transmis depuis dix ans, c’est : vous faites des efforts, mais ils ne seront jamais suffisants. Une course vaine et sans espoir”, écrit-il.
Troisième grief... la crainte du “pire”. L’Amuf redoute en effet la fin de l’année et le début de la période hivernale. “Nous attendons l’hiver et ses épidémies (...). Les services d’urgence sont les portes par lesquelles on aperçoit les dégâts de l’hôpital public. Certains proposent cette idée folle de limiter l’entrée. Combien de morts cela fera ?”, s’inquiète Patrick Pelloux.
“La responsabilité d’un exécutif et de la représentation nationale est de construire un nouveau cadre, je crois que les personnels hospitaliers y sont prêts. Les décevoir à nouveau pourrait avoir de graves conséquences sur la santé et le bien-être de nos concitoyens”, conclut Rémy Nizard.
Des propositions
Pour lutter, les soignants proposent leurs solutions. Ils réclament une augmentation de l’objectif national des dépenses d’assurance-maladie (Ondam), l’arrêt de la facturation à l’acte, la hausse des effectifs et des salaires.
[avec Le JDD.fr]
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