"Des gens vont mourir si on continue comme ça", prévient le Dr Emmanuel Clero, un des 35 régulateurs libéraux du Samu de Rouen, interrogé par nos confrères de Libération. Pour garantir l’accès au 15, le Samu de la capitale normande, en accord avec l’agence régionale de santé, a décidé fin décembre de placer un limiteur d’appels sur le 116-117, le numéro qui permet de joindre un médecin généraliste aux heures de fermeture des cabinets. "Du jamais-vu", assure le Dr Clero. Ainsi, les appels surnuméraires ne reçoivent plus de réponse. "En raison d’un grand nombre d’appels, nous ne pouvons répondre à votre demande, veuillez rappeler ultérieurement. Si c’est une urgence, faites le 15", explique un message enregistré aux patients qui ne sont pas parvenus à avoir un régulateur au bout du fil. "Plutôt que de débloquer des moyens pour améliorer la capacité et la qualité de la régulation, l’ARS préfère ignorer les demander de la population", s’indigne le Dr Clero.
Selon Libération, en janvier, 690 appels au 116-117 sont quotidiennement "raccrochés" pour ce qui concerne le territoire de Rouen et sa périphérie. Avec une variabilité importante : 350 appels n’ont pas abouti le vendredi 6 janvier, mais plus de 1300 le samedi 7 janvier. Au total, 1 appel sur 3 passerait à la trappe, indique le journal. Si ces appels relèvent en théorie de la médecine générale, "dans le lot, il y a des urgences qui s’ignorent", s’inquiète le Dr Clero. Le vice-président du Samu-Urgences de France, responsable du Samu 35, le Dr Louis Soulat, y voit une "régression totale". "L’objectif [de la régulation], c’est que tous les appels soient décrochés, pas de faire comme s’ils n’existaient pas." Le CHU de Rouen défend auprès de nos confrères une mesure nécessaire pour éviter une saturation du 15 puisque les appels en attente du 116-117 arrivent sur la même plateforme que les appels pour des urgences vitales. Depuis le 2 janvier, les régulateurs libéraux du Samu de Rouen sont en grève et n’exercent que sur réquisition, dénonçant les conditions de travail et de prise en charge. [avec Libération]
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