C’est désormais le nouvel enjeu du Gouvernement et du ministre de la Santé : proposer un “vrai” plan pour l’hôpital, à la mesure des efforts fournis par les soignants pendant la crise Covid. Interviewé par le Journal du Dimanche, Olivier Véran a annoncé le lancement d’un “Ségur de la santé” par une “première grande réunion multilatérale avec les partenaires sociaux” et les collectifs hospitaliers, pour répondre à ces enjeux. Dès la fin du mois de mai, un retour d’expérience sur le terrain sera également organisé pour voir ce qui a fonctionné pendant la crise. Le ministre l’affirme : il veut aller “vite” et proposer son plan avant l’été pour présenter tout ce qui peut l’être dans le prochain budget de la Sécurité sociale.
Il dresse aussi ses quatre priorités : une augmentation des salaires “au-delà des primes”, l’organisation du travail, pointant notamment du doigt les “ménages” effectués illégalement par des infirmières pour augmenter leur rémunération, la valorisation du travail collectif et enfin, la montée en compétences.
Même s’il ne compte pas “dérégler” le temps de travail ou toucher aux 35 heures, le ministre de la Santé affirme vouloir créer un cadre “plus souple pour permettre à ceux qui le souhaitent” de pouvoir travailler plus ou différemment.
Augmentation des salaires et valorisation des compétences
"Il faut faire évoluer les compétences", affirme Olivier Véran prenant l’exemple des infirmières diplômées par un doctorat. “Aujourd’hui, si une infirmière décroche un doctorat, elle conserve le même salaire. Ce n’est pas normal. Il faut faire évoluer...
les compétences et les missions de ceux qui le souhaitent et les reconnaître à leur juste valeur. Il faut faire évoluer les métiers du soin en les adaptant aux nouveaux besoins de prise en charge des patients”, soutient le ministre.
Quant au malaise du personnel infirmier, “la nation va devoir faire un effort important pour reconnaître leur rôle”. Le ministre avance également une piste de rémunération les concernant : un niveau correspondant au moins à la moyenne européenne, soit 44.000 euros par an.
La question qui se pose, devant ces objectifs est simple : avec quel argent ? Il y a deux ans, Emmanuel Macron déclarait qu’il n’y avait “pas d’argent magique”, rappelle le JDD. “Il faudra qu’on mobilise de l’argent nouveau pour augmenter les rémunérations. C’est nécessaire. Il n’y a pas d’argent magique, il faudra donc faire des choix”, reconnaît Olivier Véran. Mais voilà, le déficit de la Sécu a déjà plongé à 41 milliards d’euros, un record… “Le mal-être à l’hôpital coûte aussi très cher”, tranche le ministre. “Il vaut mieux dépenser de l’argent pour attirer et conserver des talents dans la durée, que pour recruter des médecins à l’étranger, avec des boîtes d’intérim.”
[avec le Journal du Dimanche]
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