Dans un état végétatif depuis son accouchement : sa famille porte plainte
Une femme, aujourd’hui âgée de 40 ans, a été victime d’une rachianesthésie totale alors qu’elle accouchait de son troisième enfant en août 2019. Elle est depuis considérée comme handicapée à 98%. Sa famille entend prouver la responsabilité de l’hôpital d’Eaubonne (Val-d'Oise), où elle a été prise en charge.
10 août 2019. Lucie B., 35 ans, est admise à la maternité de l’hôpital Simon Veil d’Eaubonne dans le Val d’Oise. Elle s’apprête à donner naissance à son troisième enfant. Déjà mère de deux enfants, nés par voie basse, l’experte-comptable est sereine. Elle souhaite se passer de péridurale. Mais la douleur est telle que la trentenaire demande finalement une anesthésie, rapporte le magazine Elle. La pose d’un cathéter est effectuée par un médecin stagiaire associé, diplômé hors de l’Union européenne. Ce dernier est arrivé dans la structure il y a dix mois et vient de "consolider ses compétences en France", indique l’hôpital. "Ce jour-là, il était seul avec une sage-femme. Il n’y avait aucun médecin à ses côtés", assure l’avocat de la famille de Lucie.
A l’instar des internes, les médecins stagiaires peuvent "réaliser des péridurales sous la responsabilité d’un médecin senior", rappelle l’hôpital. Mais dans une réponse envoyée par mail au journal Le Parisien, la structure précise que l’anesthésiste senior est intervenu dans la prise en charge de la mère de famille "à la suite des premiers signes de complication", pas avant.
Lorsque le médecin stagiaire lui injecte la première dose d’anesthésiant, Lucie B. fait un malaise. Elle peine à respirer et à bouger ses quatre membres selon la sage-femme présente. Le praticien remonte le niveau d’oxygène et administre une deuxième dose d’anesthésiant à la patiente. Peu de temps après, son cœur s’arrête.
Désormais handicapée à 98%
Bipés, l’obstétricien, l’anesthésiste senior et deux réanimateurs de garde arrivent dans la salle d’accouchement et tentent de la réanimer tout en pratiquant une césarienne. Le nouveau-né est rapidement sauvé et s’en sortira sans séquelles contrairement à sa mère, son cerveau n’ayant pas été irrigué pendant un quart d’heure.
Après un séjour en réanimation puis une admission à La Pitié-Salpêtrière (AP-HP), la mère de famille est transférée dans une clinique à Taverny (Val d’Oise), où elle se trouve toujours cinq ans après. Considérée comme handicapée à 98%, elle est nourrie et oxygénée via des tubes.
Peu après les faits, le mari de la victime a été reçu par l’hôpital. Il a eu "l’impression d’avoir été pris de haut", selon son avocat. Sur les conseils d’une pharmacienne, il a finalement décidé de déposer plainte pour "blessures involontaires" contre l’établissement, dont il veut faire reconnaître la responsabilité.
En outre, l’avocat de la famille a saisi la commission de conciliation et d’indemnisation des accidents médicaux d’Ile-de-France (CCI), qui a nommé des médecins experts pour se pencher sur l’affaire. Dans leur rapport, ces derniers écrivent que "le mécanisme de l’arrêt cardiaque résulte d’une rachianesthésie totale", "conséquence d’une effraction de la dure-mère avec administration des anesthésiques locaux directement dans le liquide céphalorachidien".
Un risque bien connu des anesthésistes, déplore l’avocat de la famille de Lucie B. Une deuxième expertise réalisée à la demande de la CCI par un autre médecin pointe la responsabilité du médecin stagiaire. "Tous les signes de la rachianesthésie totale étaient déjà présents", écrit-il dans son rapport, évoquant une "faute responsable de 100% du dommage". Ce dernier aurait dû s’en tenir à la dose "test".
[avec Elle et Le Parisien]
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