Détournement de 300.000 euros, harcèlement moral... la directrice de l'hôpital de Neuilly épinglée

07/02/2020 Par Sandy Bonin
Faits divers / Justice
La directrice de l'hôpital de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) est accusée d’occuper un appartement onéreux au lieu de son logement de fonction. La facture, dissimulée dans les comptes de l'établissement, s'élèverait à 295.000 euros.
 

Le 24 janvier, un chef de service de l'hôpital de Neuilly a effectué un signalement (article 40) auprès du tribunal de grande instance de Nanterre pour "détournement de fonds publics, prise illégale d'intérêts et recel" à l'encontre de Catherine Latger, directrice du centre hospitalier Rives-de-Seine, qui regroupe trois sites publics de Neuilly-sur-Seine, Courbevoie et Puteaux. Le praticien pointe du doigt une gestion du patrimoine immobilier suspecte alors que l'hôpital est en déficit et que des efforts colossaux sont demandés aux secteurs de soins. Catherine Latger est notamment accusée de ne pas avoir occupé "pendant neuf ans le logement de fonction qui lui était imparti, pour raison de convenance personnelle". Elle aurait refusé de vivre dans une maison d’un quartier résidentiel de Neuilly-sur-Seine. A la place, elle vivrait dans un appartement situé dans un immeuble d’un quartier chic de la ville. Idem pour son adjoint qui n’occuperait pas son logement de fonction non plus et vivrait dans une maison à Courbevoie. Le signalement indique que le montant des deux loyers serait dissimulé dans la ligne budgétaire 613 des comptes de l'hôpital qui s'élève à 295.000 euros pour les locations.

Selon Le Parisien, la directrice de l'hôpital est également accusée d'avoir...

donné l'ordre à son adjoint de "laisser se dégrader et rendre sciemment inhabitables ces appartements de fonction dans le but de justifier la location des autres logements par l'hôpital". Selon le témoignage d'un syndicaliste, cité dans le document, elle aurait fait détruire les sanitaires et la cuisine de la maison de fonction dans laquelle elle aurait dû résider. Selon l'avocat du chef de service à l'origine du signalement, la direction de l'hôpital ferait régner "un climat de terreur parmi les médecins et les aides-soignants, en déclenchant des représailles extrêmement violentes contre ceux qui donnent l'alerte". Une plainte pour harcèlement moral datée du 29 janvier a été déposée par le même chef de service contre Catherine Latger. Le signalement mentionne la succession de sept secrétaires auprès de Catherine Latger depuis son arrivée, et les départs d'au moins sept médecins. Plusieurs responsables administratifs sont également partis, dont un ancien directeur des ressources humaines. La plainte cite un courrier de ce dernier adressé, en 2013, à Catherine Latger. "Je n'accepterai plus, désormais, le harcèlement que tu m'infliges […]. Je te prie de bien vouloir me traiter comme une personne humaine." Le 6 décembre, plus de 30 personnels hospitaliers — surveillants, internes, secrétaires, infirmières, aides-soignants, médecins — ont signé une motion auprès de l'ARS dans laquelle ils apportent leur soutien au praticien et dénoncent les agissements de la directrice.  

La direction de l'hôpital se défend

Catherine Latger et Philippe Lesage se défendent de louer un logement plutôt que de résider dans le logement de fonction qui leur a été attribué.
Dans un communiqué, ils indiquent que Philippe Lesage bénéficie "d’un logement de fonction appartenant à l’hôpital et ne loue donc pas un logement". "Concernant la directrice, elle bénéfice règlementairement d’un droit à être logée dans le parc immobilier privé alors que l’état de vétusté du logement pouvant être mis à sa disposition nécessitait des travaux de réhabilitation particulièrement coûteux atteignant près des 2/3 des capacités d’investissement annuel de l’hôpital. Des projets de transformation de ces locaux n’ont pu aboutir faute de crédits suffisants, étant observé que ces bâtiments sont considérés comme les seuls immeubles pouvant permettre à terme une extension de l’hôpital au service des usagers."
Catherine Latger réfute également faire régner "un climat de terreur parmi les médecins et les aides-soignants, en déclenchant des représailles extrêmement violentes contre ceux qui donnent l'alerte". Selon la direction, "le CHSCT a été saisi par 11 professionnels soignants de l’établissement dénonçant les pratiques managériales du praticien présenté comme une victime dans cet article".

    [Avec leparisien.fr]

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